L'ascension fulgurante des sociétés spatiales privées comme SpaceX ou Orbital Sciences pique au vif les experts européens de l'accès à l'espace, si bien que la prochaine Ariane 6 pourrait s'inspirer des projets de la société d'Elon Musk : une fusée capable de revenir sur Terre afin d'être utilisée à nouveau pour d'autres lancements.

Ariane_6_concepts_under_investigation_1  Alors que l'Europe vient à peine de signer les accords visant à accélérer le développement d'Ariane 6 pour faire d'Arianespace un acteur concurrent du marché de l'accès à l'espace, il est désormais évoqué la possibilité d'étudier une version du lanceur capable d'être réutilisé.

C'est l'objectif principal d'Ariane 6 : proposer une option moins couteuse qu'Ariane 5 pour conclure plus d'accords de mise en orbite avec les industriels du monde entier. Mais un des atouts majeurs dans cette volonté de réduire les couts d'accès à l'espace serait de disposer, comme la NASA en avait en son temps, d'un lanceur capable de revenir sur Terre.

En réutilisant certaines parties du lanceur, on pourrait limiter les temps de fabrication, et amortir plus rapidement les couts de développement et de recherche. C'est d'ailleurs ce que SpaceX tente de faire en testant actuellement sa fusée Falcon 9, le premier essai grandeur nature s'étant soldé par un bilan mitigé avec le crash de la fusée sur une barge flottante dans l'atlantique.

Pour l'Europe, il faut désormais s'adapter à la concurrence, et SpaceX se présente comme l'un des acteurs à surveiller de près. Car si l'essai de la société d'Elon Musk ce vendredi s'est soldé par un échec, la firme a clairement démontré qu'elle était capable de faire revenir sa fusée avec précision à un point donné du globe, et à en freiner la chute ( pas suffisamment certes). Les prochaines tentatives devraient permettre à SpaceX de toucher au but.

L'idée est donc désormais de créer un premier étage réutilisable d'Ariane 6 équipé d'une propulsion cryotechnique à l'oxygène et au méthane liquides avec un ou plusieurs moteurs.

Actuellement, le projet est à l'étude. Il n'y a aucun doute sur la capacité de l'Europe à développer un tel module, mais le rendre économiquement attractif alors même qu'Ariane 6 ne devrait pas profiter de plus de 12 lancements annuels reste un véritable défi. Seul l'argument de la fiabilité du lanceur devrait permettre à Ariane 6 de tirer son épingle du jeu auprès des opérateurs de satellites.

Car globalement, la fusée réutilisable a des limites et SpaceX en est déjà conscient : le carburant nécessaire à freiner la chute du module se présente comme une concession faite sur la capacité d'emport de la charge utile du lanceur. En l'état, la fusée Falcon 9 est réduite à la mise en orbite de petites charges de moins de 2 tonnes alors que sa capacité initiale est de 4 tonnes. En outre, lancer ce type de fusée représente un surplus de travail, puisque l'étage réutilisable doit multiplier les moteurs ( 9 sur la Falcon 9), c'est autant de processus de vérification, de manutention et de certification supplémentaire entre chaque utilisation.