Arnaud Montebourg n'a ainsi pas hésité à rappeler pourquoi le gouvernement appuyait davantage la candidature de Bouygues alors même que Vivendi engageait des négociations exclusives avec Numéricâble.
Premier point, l'absence de consolidation dans le schéma aujourd'hui proposé sur le marché mobile qui laisse subsister 4 opérateurs alors que le gouvernement souhaiterait un retour à 3 acteurs.
Second point, l'aspect technologique : Numéricâble est considéré comme porteur d'une technologie haut débit en voie de disparition " Numéricâble fait le câble et ne fait pas la fibre. Nous souhaitons la fibre, le câble c'était il y a 15 ans. La fibre, c'est pour les 40 - 50 à venir."
Enfin, la question de la dimension des groupes posait problème : " Il y avait d'un côté un groupe solide disposant de capacité d'endettement et un autre plus petit qui en disposait de moins. J'ai ramassé dans les différents sinistres industriels dont j'ai eu la charge beaucoup de LBO qui ont mal tourné alors que l'entreprise était industriellement saine."
Difficile donc d'encaisser le fait qu'un "petit " rachète un géant, du moins sans douter de la capacité de Numéricâble à tenir la barre et à éviter de chavirer dans les années à venir suite à l'incapacité de payer sa dette.
En début de semaine, Patrick Drahi, pdg de Numéricâble avait contacté Arnaud Montebourg par courrier pour lui confirmer des engagements " fermes" dans le rachat de SFR.
Sur le terrain de l'emploi, Patrick drahi s'engage ainsi "à maintenir l'emploi dans le nouvel ensemble". Pour Numéricâble, l'ensemble des activités de SFR est complémentaire à celles du groupe, aucune concurrence ou remplacement n'est donc à prévoir: " Il n'y aura aucune suppression d'emploi dans le nouvel ensemble, sous quelque forme que ce soit."
Un engagement sur lequel Arnaud Montebourg saura revenir, puisqu'il a déjà affirmé qu'il " veillera à ce qu'il n'y ait pas de plan social, ni de départ volontaire", il s'engage d'ailleurs de son côté et indique qu'il " le fera respecter, par les moyens de la loi."
Sur la question de l'investissement du très haut débit, là encore Patrick Drahi s'explique . Il estime que " Numéricable fournit les meilleurs débits disponibles avec la meilleure qualité de services", se basant sur les critères de l'ARCEP pour appuyer son affirmation. Il ne manque pas au passage de préciser que sans les investissements qui ont été réalisés depuis 2005 sur le secteur par Numéricâble, la France serait parmi les derniers pays de l'Union Européenne en terme de couverture très haut débit.
Numéricâble prend ainsi l'engagement d'équiper 12 millions de prises d'ici 2017 et 15 millions en 2020 en très haut débit tout en annonçant déjà travailler sur la 5G de demain. En outre, des engagements sont également répétés concernant l'investissement dans les réseaux d'initiative publique jusqu'à 50 millions d'euros par an.
Pour Arnaud Montebourg, la situation est loin d'être satisfaisante : " Nous estimons que l'intégralité des engagements qui avaient été pris par SFR doit être maintenue. Or à nos yeux, les 50 millions consentis ne correspondent pas tout à fait aux engagements qui avaient été pris initialement avec SFR."
Enfin, Patrick Drahi termine sa lettre en tentant de toucher la corde sensible d'Arnaud Montebourg, à savoir le patriotisme économique et indique souhaiter continuer à faire appel à des fournisseurs français pour ses équipements ( Alcatel Lucent , Technocolor...)
Promesse est également faite d'une double cotation en bourse d'Altice à la fois à Amsterdam et à Paris, ainsi que l'absence de tout montage financier permettant de détourner des revenus issus d'activité dans l'hexagone vers un siège situé au Luxembourg.
Des promesses qu'Arnaud Montebourg félicite : " Numéricable a ainsi avancé vers les objectifs gouvernementaux", tout en notant toutefois "quelques réticences", notamment sur la question du déploiement du très haut débit. Enfin, le ministre n'hésite pas à justifier son ingérence dans les affaires de Vivendi et Numéricâble en précisant qu'elle aura eu le mérite de faire avancer les choses : C'est parce que " L'État s'est mêlé pour la première fois dans une fusion acquisition" que "les questions de l'emploi, des investissements et de l'excès de dette sont devenues centrales."