Si votre boîte de réception se remplit de messages de l'Assurance Maladie ces derniers jours, ne les supprimez pas trop vite. Il ne s'agit pas d'une nouvelle campagne de phishing, mais d'une offensive de grande ampleur lancée par la Caisse Nationale de l'Assurance Maladie (Cnam) le 26 septembre.

L'objectif est double : rappeler que la santé a un coût et faire de chaque assuré un maillon essentiel dans la lutte contre une fraude qui se chiffre en centaines de millions d'euros chaque année.

Pourquoi cette nouvelle communication par email ?

Le premier objectif est pédagogique : "Informer sans culpabiliser", comme le résume Marc Scholler, directeur financier de la Cnam. Dans un système où le tiers payant est la norme, beaucoup de Français ont perdu la notion du coût réel des soins. Recevoir une notification après chaque acte médical est une manière de rappeler en toute transparence que "la santé n'a pas de prix, mais elle a un coût" financé par la solidarité nationale.

Assurance Maladie

Cette piqûre de rappel intervient dans un contexte financier tendu pour la Sécurité Sociale, dont le déficit a atteint 13,8 milliards d'euros en 2024. L'idée est de responsabiliser chacun sur la valeur de notre système de santé.

Comment cela va-t-il aider à lutter contre la fraude ?

Le second volet de l'opération est une véritable arme anti-fraude. En 2024, l'Assurance Maladie a détecté et stoppé pour 628 millions d'euros de fraudes. Si les assurés sont plus nombreux à frauder, ce sont les professionnels de santé qui pèsent le plus lourd dans la balance, représentant 68% des montants. Le mécanisme est souvent le même : des actes fictifs ou des surfacturations, invisibles pour le patient grâce au tiers payant.

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En incitant systématiquement les assurés à vérifier le détail de leurs remboursements sur leur compte Ameli, l'organisme espère multiplier les "yeux" capables de repérer une anomalie. C'est la mise en place d'une "vigilance partagée" à l'échelle nationale.

Comment réagir et signaler une anomalie ?

Le processus se veut simple et accessible. En recevant l'e-mail de notification, l'assuré est invité à se connecter à son compte Ameli, via le site ou l'application. Là, il peut consulter le détail de ses derniers paiements et remboursements. S'il constate une incohérence – un soin facturé mais jamais réalisé, un détartrage transformé en opération complexe – il peut le signaler directement.

Ameli

La démarche s'effectue via le chatbot du site, en demandant à "signaler un remboursement suspect". Un formulaire permet alors d'alerter les services de l'Assurance Maladie sur un "acte médical ou un soin non réalisé". Donner ce pouvoir d'alerte aux assurés est vu comme un atout majeur pour protéger l'intégrité de notre système solidaire.

Foire Aux Questions (FAQ)

Ces emails sont-ils des tentatives de phishing ?

Non, ce sont des communications officielles. Cependant, la prudence reste de mise. Un véritable email de l'Assurance Maladie ne vous demandera jamais de fournir des informations personnelles, bancaires ou votre mot de passe. Il vous invitera simplement à vous connecter par vos propres moyens à votre espace sécurisé Ameli.

Que contient exactement l'email de notification ?

Pour des raisons de sécurité et de confidentialité, l'email est très succinct. Il vous informe qu'une dépense de santé a été prise en charge en votre nom et vous incite à consulter les détails sur votre compte Ameli. Il ne contient ni le montant, ni la nature du soin, pour ne pas attirer les pirates.

Pourquoi cette mesure est-elle mise en place maintenant ?

Cette initiative s'inscrit dans un plan plus global de maîtrise des dépenses de santé et d'intensification de la lutte contre la fraude. Face à un déficit important de la Sécurité Sociale, l'État cherche des solutions pour optimiser le système et impliquer davantage les citoyens dans sa préservation.