Quatre ans après avoir officiellement banni le minage de cryptomonnaies, la Chine est redevenue le troisième acteur mondial du secteur, captant près de 15% du hashrate global.

Cette résurgence discrète, portée par une électricité abondante et un assouplissement non officiel des politiques, redessine la carte de l'écosystème Bitcoin.

Loin des radars et en dépit d'une interdiction formelle, la Chine a opéré un retour spectaculaire sur la scène mondiale du minage de cryptomonnaies. Après avoir vu sa part du hashrate mondial chuter à zéro suite aux mesures drastiques de 2021, le pays s'est hissé à la troisième place mondiale.

Selon les données de Hashrate Index, la Chine captait à nouveau près de 14% de la puissance de calcul du réseau Bitcoin en octobre, une estimation corroborée par d'autres firmes d'analyse comme CryptoQuant qui l'évaluent entre 15% et 20%.

Le retour inattendu d'un géant

Ce renouveau de l'activité s'est opéré en silence, loin des annonces officielles. Des mineurs individuels et des entreprises ont réactivé leurs opérations, profitant d'un angle mort réglementaire et d'opportunités économiques locales.

L'essentiel de ce regain se concentre dans des provinces reculées et riches en énergie, comme le Xinjiang et le Sichuan. Ces régions sont devenues l'épicentre du minage de Bitcoin clandestin, une tendance qui pourrait durablement soutenir la demande et le cours de la première cryptomonnaie mondiale.

L'interdiction de 2021, motivée par des préoccupations de stabilité financière et de consommation énergétique, avait provoqué un exode massif des opérateurs miniers vers l'Amérique du Nord et l'Asie centrale.

Aujourd'hui, le mouvement s'inverse partiellement, avec le retour de certains acteurs et la construction de nouvelles infrastructures discrètes.

Pourquoi l'interdiction n'a-t-elle pas fonctionné ?

Plusieurs facteurs expliquent l'échec relatif de la prohibition chinoise. Le principal attrait reste l'accès à une électricité bon marché et abondante. Dans des régions comme le Xinjiang, un important surplus énergétique ne peut être facilement transporté vers les grands centres industriels du pays.

Un mineur local explique que consommer cette énergie via le minage de cryptomonnaies est devenu une solution pragmatique pour valoriser cette ressource perdue.

À cela s'ajoute une surabondance de puissance de calcul issue de surinvestissements dans les centres de données par certains gouvernements locaux en difficulté financière.

Ces infrastructures offrent des conditions idéales pour dissimuler des activités de minage. La nature même des équipements, facilement transportables, a également permis aux opérateurs de s'adapter et d'échapper aux contrôles.

Un assouplissement politique en filigrane

Si Pékin n'a jamais officiellement annulé son interdiction, plusieurs signaux suggèrent un assouplissement de sa position sur les actifs numériques. Les performances commerciales des fabricants de matériel de minage en sont la preuve la plus tangible.

Le géant Canaan, deuxième producteur mondial de machines de minage, a vu ses revenus en Chine bondir de 2,8% en 2022 à plus de 30% l'année dernière, et même dépasser les 50% au deuxième trimestre de cette année.

Cette dynamique est également portée par des initiatives politiques plus larges, comme la loi sur les stablecoins adoptée à Hong Kong en août, visant à créer un marché régulé pour ces monnaies numériques adossées à des devises fiduciaires.

Pékin explorerait même l'usage de stablecoins adossés au yuan pour internationaliser sa monnaie. Bien que le minage reste officiellement illégal, il devient de plus en plus évident que l'éradication complète d'une activité aussi profitable est une tâche presque impossible, laissant entrevoir une possible évolution de la réglementation à moyen terme.