Alors que la quasi-totalité des pays européens a déjà fait le choix d'encadrer les casinos en ligne, la France, tout comme Chypre, reste une exception.
Même s'ils sont officiellement interdits, cela n'empêche pas un peu plus de 3 millions de Français de jouer illégalement sur les plateformes étrangères, avec un chiffre d'affaires estimé entre 748 millions et 1,5 milliard d'euros chaque année.
Face à la situation, le gouvernement explore la piste de la légalisation du casino en ligne en France avec deux objectifs en ligne de mire : capter des recettes fiscales, et mieux protéger les joueurs.
Un marché illégal florissant
En France, seuls les paris sportifs, hippiques et le poker sont autorisés en ligne pour le moment. Les jeux de casino comme le blackjack ou la roulette restent interdits. Cette situation a favorisé l’essor de plateformes illégales basées à l’étranger, souvent dans des paradis fiscaux.
Ces sites, en théorie interdits aux Français, attirent pourtant des millions de joueurs issus de l'hexagone chaque année, exposant ces derniers à des risques liés à la sécurité des données et à l’absence de garanties sur leurs gains.
Selon l’Autorité nationale des jeux (ANJ), réguler ce marché permettrait non seulement de sécuriser les pratiques, mais aussi de récupérer une part importante du produit brut des jeux (PBJ), estimé entre 5 % et 11 % du marché global des jeux d’argent.
Les enjeux économiques et fiscaux
Le gouvernement voit dans cette légalisation une opportunité pour augmenter ses recettes fiscales. En considérant les pratiques illégales actuelles, il serait question de plusieurs centaines de millions d'euros par an. En légalisant la pratique, le gouvernement favoriserait son expansion, les plateformes plus largement disponibles encaisseraient encore plus de revenus, ce qui ferait par extension exploser les recettes fiscales. Un amendement récent proposait de taxer le PBJ à hauteur de 55,6 %, combinant imposition sur les entreprises et prélèvements sociaux.
Cette manne financière est particulièrement attrayante dans un contexte où l’État cherche désespérément de nouvelles sources de revenus. Cependant, cette réforme suscite une forte opposition de la part des opérateurs traditionnels, notamment les casinos physiques, qui craignent une concurrence accrue alors que le marché est déjà lourdement régulé et très compétitif. Néanmoins, ces critiques se heurtent à la réalité de la situation : qu'ils soient autorisés ou non, les Français se tournent déjà vers des casinos en ligne, localisés à l'étranger. Ouvrir la porte à cette forme de jeu d'argent en France permettrait aux casinos physiques de déployer leurs propres plateformes en toute légalité.
Des défis sociaux et sanitaires
L’un des principaux arguments contre la légalisation est le risque d’accroître les comportements addictifs. En effet, les jeux d’argent en ligne sont accessibles 24h/24 et peuvent toucher un public vulnérable, notamment les jeunes adultes. Le sujet de la vérification d'identité reste délicat et aucun système ne peut véritablement garantir l'interdiction des établissements numériques aux joueurs compulsifs, qu'ils soient légalement interdits ou placés sur des listes volontaires d'interdiction au jeu. L’ANJ insiste sur la nécessité d’un encadrement strict pour prévenir ces dérives : limites de mise, outils d’auto-exclusion et campagnes de sensibilisation devront être renforcés.
Un débat encore ouvert
Bien que l’amendement ait été retiré du projet de loi de finances pour 2025, le gouvernement envisage une large consultation avec les acteurs concernés pour relancer ce dossier. Avec un soutien croissant du public, 62 % des Français se disent favorables à cette légalisation, il est probable que le sujet refasse surface dans les mois à venir.