Les Accords de Paris au terme de la COP 21 en 2015 avaient proposé un cadre pour limiter le réchauffement climatique à +2 degrés au-dessus des températures moyennes pré-industrielles, avec une marge vertueuse pour tenter de réduire la hausse des températures moyennes à +1,5 degré.

Cet objectif doit notamment permettre de limiter les conséquences des phénomènes climatiques capables de s'amplifier fortement avec la hausse de la température moyenne du globe et de provoquer des catastrophes majeures, voire de rendre des zones occupées du globe inhabitables.

Presque dix ans plus tard, le constat est amer : les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont largement insuffisants pour envisager ces limites et la trajectoire se rapproche des +3 degrés en moyenne d'ici 2100 (et +4 degrés en France où le gouvernement veut prendre des mesures en conséquence), rendant le climat beaucoup moins vivable pour les humains.

+1,2 degré, c'est déjà trop

Mais même si on parvenait à limiter la hausse des températures à +1,5 degré Celsius, ce ne serait pas sans conséquence sur une partie de la population mondiale, fait valoir une étude publiée dans Nature et rassemblant 50 chercheurs.

Cette progression plus légère n'empêcherait pas de rendre des zones géographiques invivables pour 200 millions de personnes dans les régions pauvres et de rendre les conditions de vie compliquées pour 500 millions d'autres, sous l'effet d'événéments climatiques majeurs comme les inondations et la montée des eaux impliquant le déplacement de populations.

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Ce sont généralement les populations produisant le moins de pollution au niveau mondial qui en subiront le plus les conséquences directes et vont voir leur environnement transformé et rendu invivable.

Pour les scientifiques de l'étude, afin de maintenir des conditions vivables pour tous, la hausse des températures moyennes ne devrait pas dépasser 1 degré au-dessus des des moyennes pré-industrielles. Or, nous sommes déjà actuellement à +1,2 degré.

Les limites planétaires sautent les unes derrière les autres

Johan Rockström, auteur principal de l'étude, alerte aussi sur les limites planétaires, ce concept de seuils à ne pas franchir pour ne pas dérégler totalement le climat. Sur les neuf limites définies, les scientifiques alertaient dans les années 2010 que trois avaient déjà été franchies, des gaz à effet de serre à la perte accélérée de biodiversité en passant par la perturbation des cycles de l'azote et du phosphore.

Depuis, trois autres limites auraient été franchies par la déforestation massive, la raréfaction de l'eau douce ou le détournement des cours d'eau et la pollution par des produits chimiques de synthèse.

D'autres frontières sont sur le point de tomber, comme l'acidification des océans et la pollution par aérosols.