C'est la sensation de ces derniers jours : demandez n'importe quoi à l'intelligence artificielle ChatGPT d'OpenAI et elle vous pond une réponse appropriée ou un article à la demande.

Son champ de connaissances semble presque infini (quoique légèrement daté sur certains sujets) et il est possible de poser des questions en langage naturel sans passer par des mots-clés ou des commandes spécifiques, et sur n'importe quel sujet ou presque.

Elle sait aussi créer du code et débugguer des programmes, résoudre des problématiques diverses et rédiger articles et autres contenus dans un style encore un peu impersonnel mais qui pourrait souvent très bien passer après un peu de raffinement pour des sujets basiques, voire moyennement élaborés.

Ecrire, dessiner, imaginer : l'IA chamboule les métiers

En l'état, elle pourrait déjà apporter un précieux gain de temps sur certains aspects des métiers d'écriture et de création en apportant au pire un canevas, au mieux un sujet prêt à l'emploi.

Déjà, les perspectives peuvent être inquiétantes pour tout un ensemble de métiers qui ne sont plus à l'abri d'un remplacement par la sagacité de ChatGPT que l'on n'attendait pas si tôt.

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Il va sans doute y avoir du remue-ménage dans certaines professions qui ont pu se croire épargnées à courte échéance et il faudra s'adapter ou disparaître. ChatGPT pourra devenir selon les situations un concurrent ou un précieux assistant déchargeant l'humain de certains aspects fastidieux ou bien comme source d'inspiration.

C'est déjà le cas pour d'autres types d'intelligence artificielle orienté vers la créativité comme DALL-E 2, créatrice d'images en quelques secondes à partir d'un simple texte descriptif, qui peut déjà servir de base pour la création artistique, le marketing ou la publicité et jusqu'au design qui conduira à créer des objets bien réels.

L'intelligence artificielle est de plus en plus présente dans tous les domaines d'activité, et ce qui était jusque-là un moyen d'automatiser des tâches répétitives est en train de devenir un véritable outil de création, épaulant voire dépassant la créativité humaine.

La part sombre de l'IA

Dans cette vision presque angéliste de l'intelligence artificielle, il faut tout de même garder à l'esprit que la qualité d'une IA dépend beaucoup de la qualité des données sur lequelles elle est entraînée et qu'il ne faut pas beaucoup pour entraîner des dérives.

De nombreuses IA ont déjà dû être remaniées ou bordées de limitations pour rester exploitables. Même ChatGPT n'échappe pas à ce danger. Au-delà de l'engouement pour la sensation du moment, sa pertinence et sa précision dans la plupart des cas, des chercheurs ont déjà commencé à mettre en avant la facilité de production de fake news à partir de l'IA.

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Exemple de réponse formulée par ChatGPT

La capacité de production de texte de qualité en grande quantité, avec la possibilité de produire des textes présentés différemment sur un même sujet, est presque un rêve pour qui veut manipuler l'opinion publique et diffuser en masse de fausses informations dont il sera difficile de remonter jusqu'à l'origine (même si quelques parades de détection de ce type de manipulation existent déjà).

ChatGPT peut recomposer du texte à partir de ses connaissances pour formuler une réponse mais il peut aussi inventer une définition d'un objet ou concept qui n'existe pas et la proposer avec la même vraisemblance qu'une réponse étayée à une question, comme commencent à le montrer certains chercheurs. Attention donc à ne pas tomber dans une fascination excessive face aux prouesses de l'assistant conversationnel.

L'IA est capable d'inventer des noms qui n'existent pas ou évoquer des sujets imaginaires en assurant qu'ils sont le fruit de travaux de recherche divers. On touche ici à une limite essentielle : jusqu'où pourra-t-on faire confiance à l'IA face à la réponse qu'elle formule à une question ?

Ses créateurs en sont conscients et soulignent toute la difficulté pour éviter ces écueils, dépendant des bases de données, de la formulation des questions ou requêtes et d'autres éléments échappant à son API de modération chargée de bloquer certains types de requêtes.

Il faudra sans doute trouver des remèdes face à cette problématique qui dépend de nombreux facteurs, des données initiales aux intentions infusées dans les algorithmes, et peut-être intégrer à un moment ou à un autre un indice de vraisemblance associé à la réponse donnée. Une chose est sûre : il n'y aura pas de retour en arrière.