La startup Colossal Biosciences a encore frappé les esprits en annonçant la recréation de Canis dirus, le loup sinistre disparu il y a 10 000 ans, plus imposant et à la plus grande mâchoire que le loup actuel et mis en avant dans la série Game of Thrones.
L'entreprise a beau jeu d'affirmer qu'il s'agit d'une dé-extinction faisant revivre une espèce disparue, la réalité est plus nuancée puisqu'il s'agit en fait d'une recombinaison de gènes appartenant à l'ancien loup sinistre intégrée au génome de Canis lupus, créant un animal hybride, sorte de loup classique portant certaines caractéristiques de son ancêtre.
L'espèce disparue n'a pas été réellement recréée et rien ne dit encore qu'elle puisse servir à restaurer des écosystèmes ni qu'elle soit capable de s'y insérer naturellement, comme le prétend la firme. Et d'ailleurs, est-ce souhaitable ?
La disparition des espèces menacées n'est plus un problème
Mais jeu d'apprenti magicien avec les gènes n'a pas échappé à l'administration Trump qui voit dans la possibilité de faire "renaître" des espèces disparues (dodo, mammouth, loup de Tasmanie...) un argument pour atténuer les réglementations concernant la protection des espèces -bien réelles- menacées.
Doug Burgum, secrétaire à l'Intérieur, affirme ainsi que c'est l'innovation de ces méthodes de dé-extinction, et non des réglementations et des listes d'espèces à préserver, qui assureront la conservation des espèces, observe le journal Le Figaro.
"Si la disparition d'une espèce nous angoisse, nous avons maintenant l'occasion de la faire revivre", indique-t-il bravement en oubliant donc sciemment que les animaux fabriqués par Colossal Biosciences ne sont pas les mêmes que ceux disparus.
Mais c'est un moyen pratique pour avancer l'idée qu'aucune espèce n'est réellement menacée puisqu'il sera possible de faire appel aux techniques de Colossal Biosciences pour la faire réexister si besoin.
Autant dire que les réglementations sur les préservations des espèces, qui peuvent stopper des chantiers ou des exploitations d'énergies fossiles ou marines, déjà malmenées dès l'arrivée de l'administration Trump, vont connaître un affaiblissement qui laissera toute latitude à l'accaparament des richesses de la planète.
La "refondation" de la préservation des espèces a démarré
Ces coups de boutoir sont déjà là avec une première proposition pour redéfinir la notion légale de "nuisance" à une espèce, rapporte encore Le Figaro, et dont le contenu n'est pas encore rendu public mais qui inquiète déjà les associations écologistes.
La souris laineuse, étape avant la dé-extinction du mammouth de Colossal Biosciences
Dans le même temps, un comité des espèces menacées, rarement convoqué mais relancé par Donald Trump, a le pouvoir d'approuver des initiatives même lorsque des espèces sont menacées, au nom d'un droit humain prédominant.
Autant dire que la réapparition du loup sinistre, même sous forme d'ersatz, ouvre une boîte de Pandore qui annonce des chambardements et des attaques massives dans la préservation de l'environnement et de ses espèces, désormais vues comme remplaçables à volonté.