Deezer lance une initiative sans précédent. La plateforme française annonce le déploiement du premier système d'étiquetage IA au monde pour le streaming de musique. Un label afin d'identifier clairement les albums contenant des morceaux complètement générés par des modèles d'intelligence artificielle.
Il s'agit d'une réponse directe à un afflux quotidien de plus de 20 000 titres de ce type, soit environ 18 % des nouvelles mises en ligne sur Deezer. L'initiative s'inscrit dans une démarche de transparence vis-à-vis des utilisateurs.
Comment Deezer démasque les IA ?
Pour épingler ces contenus, Deezer s'appuie sur un outil de détection maison, fruit de deux brevets déposés en décembre 2024.
« L'outil de détection IA de Deezer établit un nouveau standard dans l'industrie, capable d'identifier la musique 100 % générée par les modèles génératifs les plus avancés - comme Suno ou Udio - avec la possibilité d'ajouter de nouveaux outils, à condition de disposer des données nécessaires », écrit Deezer.
Deezer indique également avoir développé un système capable de détecter des contenus générés par IA, même en l'absence de jeu de données spécifique.
Le cas échéant, les utilisateurs verront une mention du type : « Contenu généré par IA. Certains morceaux de cet album peuvent avoir été créés à l'aide de l'intelligence artificielle. »
Un enjeu de fraude massive
Si la musique 100 % IA ne représente encore que 0,5 % des écoutes, le problème est ailleurs. Deezer a en effet révélé que près de 70 % des écoutes de ces morceaux sont le fait de robots, dans un but purement frauduleux et pour capter une part des revenus destinés aux véritables créateurs.
La plateforme avait par ailleurs déjà pris plusieurs mesures, dont le fait que les titres entièrement générés par IA ne figurent plus dans les recommandations algorithmiques et éditoriales.
« L'IA n'est ni positive ni négative en soi, mais nous sommes convaincus qu'une approche responsable et transparente est essentielle pour instaurer la confiance, tant auprès des utilisateurs que des professionnels de la musique. Nous réaffirmons également notre engagement à défendre les droits des artistes et des auteurs, dans un contexte où le droit d’auteur est mis sous pression par le développement de l'IA », déclare Alexis Lanternier, le patron de Deezer.
Un positionnement fort pour l'avenir
Avec sa décision, Deezer se distingue de ses concurrents qui explorent d'autres voies. La plateforme française est pour le moment la seule signataire de la déclaration mondiale sur l'entraînement des IA.
Une prise de position qui intervient alors qu'une étude menée par la CISAC et PMP Strategy estime que jusqu'à 25 % des revenus des créateurs pourraient être menacés d'ici 2028, soit un manque à gagner évalué à 4 milliards d'euros.