Face aux difficultés multiples rencontrées par le groupe Eastman Kodak, la mise en faillite a finalement été obtenue pour se mettre temporairement à l'abri des créanciers le temps d'une dernière restructuration. Le placement sous le régime du Chapter 11 aux Etats-Unis peut l'aider à survivre mais non sans avoir été délesté de certaines de ses ressources non stratégiques pour dégager des liquidités.

La société, très endettée, a tout de même obtenu dans le même temps un prêt de 950 millions de dollars de Citigroup pour l'aider à passer cette période. Le Wall Street Journal pointe l'échec de son CEO Antonio Perez et d'une stratégie de génération de revenus par les licences sur ses brevets qui a fini par s'épuiser.

Les dépôts de plainte pour forcer certaines sociétés à entrer dans ce jeu des licences se sont révélés des tactiques à double tranchant, surtout quand les procédures traînent en longueur. Or, dans les derniers temps, Kodak ne pouvait plus se permettre des décisions plusieurs fois reportées.


Quel avenir pour l'ancien géant ?

L'entreprise a bien tenté de profiter de l'engouement pour la propriété intellectuelle, manifesté avec force après l'enchère Nortel du mois de juin 2011 en proposant 1100 de ses brevets à la vente, mais l'effet Nortel s'est révélé être un cas très particulier, dont la fenêtre s'est refermée avec le rachat de Motorola Mobility par Google au mois d'août 2011.

Faute d'entrées d'argent, Kodak a fini par épuiser ses réserves financières et avait prévenu dès le mois de novembre 2011 qu'elle ne pourrait plus maintenir une activité normale en 2012. Le placement sous le régime du Chapter 11 pourrait relancer sa proposition de cession de brevets, cette fois sous la direction d'un administrateur.

Toujours est-il que la stratégie d'Antonio Perez consistant à miser sur le marché des imprimantes devra sans doute faire l'objet de sérieuses révisions ou être abandonnée ( mais pour être remplacée par quoi ? ), sans quoi Kodak pourrait passer de la faillite à la liquidation, comme l'équipementier canadien Nortel Networks l'an dernier.