Lors de la présentation du plan stratégique France 2030, le président de la République Emmanuel Macron avait mis l'accent en 2021 sur l'intérêt des SMR (Small Modular Reactor), ces petits réacteurs nucléaires qui pourraient être suffisamment compacts et sécurisés pour alimenter des sites industriels et éviter ainsi le recours aux énergies fossiles.
Pour cet effort de décarbonation, le groupe EDF avait mis en avant sa filiale Nuward et son projet de mini-centrale de deux réacteurs à fission de type EPR (ou REP en français pour Réacteur à eau pressurisée) capable de développer une puissance jusqu'à 340 MW.
Le projet semblait aller bon train et donnait à EDF une capacité d'être rapidement présente sur ce marché en gestation. Toutefois, une indiscrétion du média L'Informé affirme que l'initiative pourrait finalement ne pas arriver à son terme.
Nuward, trop ambitieux et novateur ?
Trop complexe et novateur, le projet de mini-centrale Nuward serait à l'arrêt et pourrait connaître une évolution simplifiée. Il faut dire que, même miniaturisé par rapport aux centrales EPR, il reste une imposante installation, à l'origine destinée à remplacer les centrales à charbon dans d'autres pays.
Nuward, un trop gros projet de SMR ?
Il reste toutefois loin des projets de mini-réacteurs de moins de 100 MW utilisables directement sur des sites industriels, même si une première implantation en France à Marcoule (Gard) avait été envisagée durant la prochaine décennie, avec l'aval de l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire).
A mesure de l'avancée du projet, des doutes ont commencé à émerger sur sa faisabilité en passant par les techniques EPR, plus sécurisées concernant le risque d'emballement de la réaction nucléaire mais aussi plus complexes à mettre en oeuvre et donc très onéreuses.
Selon La Tribune, le coût total des mini-centrales Nuward, compte tenu des techniques et des matériaux emplois, est trop loin des attentes des clients potentiels. Par ailleurs, le projet connaîtrait des tiraillements entre production en série et nécessité de personnaliser les installations en fonction des sites, ce qui tournerait au casse-tête, avec là encore des coûts importants.
Stopper Nuward pour repartir sur des bases plus simples
Il serait donc question de suspendre le programme Nuward tel qu'il existe, ce qui serait un coup dur pour un projet lauréat du programme France 2030 et qui devait obtenir un investissement de 500 millions d'euros.
Cela risque de mettre EDF en difficulté dans la course aux SMR alors que des startups tentent leur chance dans ce domaine, à l'image de la société Jimmy qui a déposé en mai une demande d'autorisation pour implanter un premier mini réacteur nucléaire industriel de 10 MW dans la Marne.
Les observateurs s'attendent donc à ce qu'un nouveau projet de SMR plus simple soit relancé par EDF sur les cendres du projet Nuward en s'appuyant sur des technologies moins complexes que celles de l'EPR. Toutefois, le groupe français ne confirme pas pour l'heure l'abandon de Nuward ni n'évoque de projet de secours.