Si la météo a été très clémente jusqu'à présent, permettant de retarder la pression sur le réseau de distribution d'électricité à l'approche de l'hiver, la problématique de la relance des centrales nucléaires toujours à l'arrêt du fait des maintenances et de la surveillance de la corrosion reste entière.

Les mouvements de grève ont légèrement retardé la remise en service de plusieurs réacteurs nucléaires et près de la moitié du parc nucléaire des 56 réacteurs reste inactif. La normalisation de la situation devrait permettre d'en relancer plusieurs d'ici janvier 2023 pour atteindre environ 45 GW de puissance disponible.

La menace de coupures d'électricité tournantes en cas d'hiver particulièrement froid reste possible et les mesures de sobriété énergétique, renforcées par les éco-gestes de chacun sont toujours d'actualité.

EDF produira moins d'électricité que prévu

Dans ce contexte compliqué, EDF a révisé à la baisse son estimation de production d'électricité d'origine nucléaire en l'évaluant à une fourchette de 275 à 285 TWh pour 2022, contre 280 à 300 TWh précédemment.

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La révision de la valeur est liée à "l'allongement de la durée d'arrêt de quatre réacteurs nucléaires concernés par le programme de contrôles et réparations du phénomène de corrosion sous contrainte" et à l'effet des grèves sur les plannings de maintenance.

La disponibilité des réacteurs nucléaires pour absorber les pics de consommation de l'hiver (de l'ordre de 90 à 95 GW selon la rigueur de l'hiver) sera donc déterminante. Le gestionnaire du réseau de distribution RTE s'est régulièrement montré plutôt optimiste pour la période hivernale à venir avec très peu d'alertes Ecowatt rouge attendues (et sur des périodes de quelques heures plutôt que sur des journées entières) mais la prudence reste de mise.

Des contraintes cumulées sur la production

L'hiver 2022 restera de toute façon compliqué : seuls 29 réacteurs sont opérationnels actuellement et la production hydraulique est inférieure de 8,6 TWh par rapport à 2021 du fait des niveaux bas des retenues d'eau du fait de la sécheresse persistante.

Sur les neuf premiers mois de l'année, la production d'électricité nucléaire a atteint 209,2 TWh, avec un déficit de 59 TWh par rapport à l'an dernier. La situation s'améliorera par la suite avec une prévision de production nucléaire de 300 à 330 TWh en 2023 et 315-345 TWh en 2024.

EDF n'indique pas à quel point cette estimation de production à la baisse impactera un peu plus ses résultats financiers alors qu'elle a déjà anticipé un coût de 32 milliards d'euros sur son Ebitda en tenant de compte de l'ancienne estimation.

Source : La Tribune