Le réacteur à fusion nucléaire français ITER fait de nouveau la une de l'actualité : non pas pour sa mise en service, mais pour une énième avarie.

Le projet qui a déjà accumulé des années de retard et vu son cout exploser (plus de 44 milliards d'euros). Le réacteur, installé dans les Bouches-du-Rhône avait vu son développement mis partiellement à l'arrêt depuis novembre 2021 et la découverte de fissures au niveau des tuyaux de refroidissement entourant les boucliers thermiques de la chambre à vide.

Des fissures liées à la corrosion

Le bouclier thermique se compose de fines plaques recouvertes d'argent et il protège les bobines électromagnétiques ( localisées dans la chambre à vide à l'extérieur du coeur du réacteur, dans une enceinte refroidie à -269°C). Ces chambres sont refroidies par un réseau complexe de tuyaux dont on a récemment découvert des fuites. Ces fuites sont liées à la corrosion des métaux et à la manipulation des tuyaux lors de leur assemblage. On estime également de la présence de résidus chimiques a pu accélérer la corrosion au niveau des soudures. Les fissures détectées peuvent aller jusqu'à 2,2 mm de profondeur, et il est actuellement impossible de savoir si tous les tuyaux sont affectés ou si l'incident est isolé.

ITER defaut soudure

Quoiqu'il en soit, le risque est trop important pour éluder le problème et il a été décidé de considérer que le problème est généralisé à l'ensemble du réseau.

Des non conformités dimensionnelles importantes

Cette avarie se cumule à un autre problème : celui des non-conformités dimensionnelles également récemment découvertes. Il semble que les segments du Tokamak présentent des écarts dimensionnels significatifs par rapport aux plans. La production et les soudures réalisées en Corée du Sud sont déjà pointées du doigt par l'ASN, l'Autorité de sureté nucléaire.

Il avait fallu 36 mois pour assembler le premier module sur les 9 prévu, on estime désormais que le projet prendra encore 2 années de retard sur le calendrier déjà révisé plusieurs fois. Rappelons qu'initialement, ITER devait être fonctionnel pour 2016. Désormais, le premier allumage n'est plus attendu avant 2027.

Malgré tout, les progrès d'ITER ces dernières années sont particulièrement chargés en enseignement et permettent de faire avancer la maitrise de la fusion nucléaire, une technique qui se différencie de la fission largement exploitée jusqu'ici : la fusion offrira à terme un meilleur rendement pour moins de déchets à la demi-vie plus courte.

La production d'électricité en abondance et plus responsable dans le domaine nucléaire n'est donc pas encore pour tout de suite.