Tribune libre par Hatem Oueslati, cofondateur de IoTerop

Remarque : les propos tenus ici n'engagent pas la rédaction de GNT mais constituent un avis éclairé de la part d'un expert dans son domaine que nous avons jugé opportun de vous faire partager. Il ne s'agit pas d'un article promotionnel, aucun lien financier ou autre n'existant entre cette société et GNT, le seul intérêt étant de vous apporter un éclairage intéressant sur un domaine particulier.

Des réseaux 5G dédiés à l’Internet des objets

Cette révolution nous la devons aux grands opérateurs qui mettent en œuvre des réseaux cellulaires 5G dédiés à l’internet des objets. Parmi eux, le Narrow Band IoT ou NB-IoT, un réseau bas débit qui se différencie des 2G/3G/4G par sa capacité à demander très peu d’énergie et de pouvoir pénétrer dans les bâtiments et ainsi atteindre des objets derrière des murs épais ou en sous-sol. La consommation énergétique des objets sur NB-IoT est réduite au point de permettre des durées de vie de produits de l’ordre de 10 à 20 ans, comme pour des compteurs d’eau intelligents, déployés en sous-sol, capables d’envoyer un relevé de consommation, mais aussi d’alerter en cas de fuites. Mieux, NB-IoT permet de recevoir des correctifs de sécurité là où les alternatives LoRa ou Sigfox offrent une communication bidirectionnelle insuffisante pour cet usage.

D’après ABI Research, le déploiement commercial de réseaux NB-IoT s’accroit de manière significative à travers le monde pour atteindre près d’une centaine d’opérateurs aujourd’hui. Les régions prédominantes sont à l’heure actuelle l’Europe de l’Ouest (33% des réseaux NB-IoT déployés dans le monde) et l’AsiePacifique (28%), avec la Chine en tête dans cette région. Le NB-IoT est donc une norme industrielle mondiale, ouverte, pérenne et évolutive, s’appuyant sur le standard 3GPP, elle bénéficie ainsi de son puissant écosystème composé d’industriels et d’opérateurs mobiles du monde entier. Les accords d’itinérance entre opérateurs permettent donc aux industriels de l’Internet des Objets de déployer partout dans le monde des produits pouvant opérer sur un réseau global et interopérable.

La mise à disposition des puces électroniques communicantes

Un facteur important à la croissance d’objets connectés déployés par les industriels reste la mise à disposition de puces électroniques communicantes permettant de se connecter à ces nouveaux réseaux : en 2020, plus de 140 fabricants proposent des modules de connectivité NB-IoT et la vente de ces modules s’accélérera exponentiellement passant de 70 millions d’unités en 2020 à plus de 550 millions d’ici 2024 d’après ABI Research. Le prix des puces de connectivité, pressurisé par des volumes significatifs et une concurrence importante, va considérablement diminuer (passant déjà d’un prix moyen de $9.06 en 2017 à 4.04 en 2020) pour atteindre un seuil attractif ($1.98 prévu en 2024 d’après ABI Research) permettant ainsi aux industriels de réduire leurs coûts de production et donc de déployer à très grande échelle. Corolairement, les prix de connectivité captés par les opérateurs télécoms vont également suivre cette même tendance. La réduction du facteur de coût, combinée à la possibilité d’une connectivité globale, à basse consommation énergétique et ultra pénétrante, basée sur un standard mondial adopté par les grands opérateurs internationaux accélèreront le déploiement massif d’objets connectés dans nos villes : les compteurs d’eau, de gaz, d’électricité (usages caractérisés comme « Metering » par ABI Research et représentant près de 49% des déploiements en 2020), les lampadaires, les poubelles... Un foisonnement d’usages qui permettront de connaitre et réduire nos consommations d’énergie, de fluidifier nos déplacements, d’optimiser les flux logistiques (dont près de 25% des déploiements pour la géolocalisation des biens et des marchandises en 2020), de contrôler les processus industriels, etc.

IoT

L’importance de la sécurisation des échanges des objets connectés

Au-delà des enjeux de connectivité, la gestion à distance et la sécurisation des échanges des objets connectés sont des considérations primordiales. Surtout lorsqu’on déploie des objets de manière massive et/ou sur des zones géographiques étendues. Il est trop coûteux de dépêcher systématiquement un technicien sur place pour changer un paramètre, une configuration ou bien faire une mise à jour logicielle sur un appareil. Il en va de la viabilité économique de la solution déployée ! De la même manière que les standards de connectivité visent à aborder l’interopérabilité des appareils, il est essentiel de s’appuyer sur des standards de Sécurité et de Gestion à Distance (appelés Device Management en anglais) pour effectuer des opérations interopérables de gestion critique de flottes massives d’appareils. Le standard OMA Lightweight M2M (LwM2M) a justement été spécifiquement conçu pour gérer le cycle de vie des objets connectés de la manière la plus efficace possible en prenant en compte les caractéristiques des réseaux et la nature contrainte des appareils : configuration à distance, mise à jour logicielle, paramétrage des clés et certificats de sécurité, diagnostic distant, chiffrement et authentification des échanges entre appareils et le Cloud. Toutes ces fonctions sont critiques pour l’opération et la maintenance d’une large flotte d’objets connectés.

La combinaison des standards de connectivité cellulaire NB-IoT et ceux du Device Management OMA LwM2M offre aux opérateurs et aux fabricants une solution complète, sécurisée de bout en bout, efficace et pérenne pour déployer massivement leurs produits dans le monde entier à des coûts de conception et d’opération abordables.