L'Agence de Protection de l'Environnement américaine (EPA), sous l'administration Trump, a discrètement modifié son site web.
Les pages expliquant les causes du réchauffement climatique ont été purgées des mentions directes aux activités humaines et aux combustibles fossiles, privilégiant les causes naturelles. Une décision qui alarme et indigne la communauté scientifique internationale.
Le site de l'EPA a longtemps été considéré comme une ressource de premier plan pour les éducateurs, les chercheurs et le grand public, fournissant des données claires et accessibles sur les enjeux environnementaux.
Cependant, dans le cadre d'une offensive plus large menée par l'administration Trump contre les régulations climatiques, cette source d'information autrefois fiable est devenue le théâtre d'une révision idéologique.
Plusieurs sections, notamment les populaires Indicateurs du changement climatique, sont désormais des liens brisés, privant le public d'un outil précieux.
Une purge discrète de l'information scientifique
La modification la plus flagrante concerne la page intitulée Causes du changement climatique. Auparavant, le site affirmait sans équivoque, en citant le consensus scientifique, qu'il était « extrêmement probable (> 95%) que les activités humaines aient été la cause dominante du réchauffement observé depuis les années 1950 ».
Credit : EPA / Causes of climate change
Cette version précisait que la combustion de combustibles fossiles était la principale source de ce phénomène. Aujourd'hui, ce texte a disparu, remplacé par une description des processus naturels comme les variations de l'orbite terrestre, l'activité solaire et les éruptions volcaniques.
La nouvelle version concède du bout des lèvres que « les changements climatiques récents ne peuvent être expliqués par les seules causes naturelles », mais la mention directe des activités humaines a été presque entièrement gommée.
La seule référence restante est une comparaison indirecte, indiquant que les humains émettent « 100 fois plus de dioxyde de carbone que les volcans chaque année ». Pour les scientifiques, cette omission est une falsification : le changement climatique contemporain n'est pas une question de débat mais un fait établi.
Entre déni et stratégie politique assumée
Cette réécriture relève d'une stratégie délibérée qui s'inscrit dans la politique pro-énergies fossiles de l'administration Trump. L'objectif est de saper le fondement scientifique des régulations environnementales, notamment cele de l'endangerment finding de 2009, une décision juridique cruciale qui reconnaît que les gaz à effet de serre menacent la santé publique et doivent donc être régulés.
En effaçant la cause, l'administration espère invalider les réglementations qui en découlent, visant les centrales électriques, les véhicules et l'industrie pétrolière.
Un porte-parole de l'EPA a d'ailleurs commenté l'initiative avec une rhétorique belliqueuse, déclarant que l'agence « ne reçoit plus d'ordres de la secte climatique » et qu'elle se concentre sur la science gold-standard plutôt que sur des « agendas politiques de gauche ».
Cette posture est en phase avec la promotion intensive des combustibles fossiles et le démantèlement systématique de l'héritage environnemental des administrations précédentes. Pour beaucoup, c'est la réalité politique et le climatoscepticisme revendiqué de Donald Trump qui écrase la science.
Quelles conséquences pour l'intégrité scientifique et la confiance publique ?
La réaction de la communauté scientifique a été unanime et virulente, dénonçant une désinformation étatique volontaire pour des raisons idéologiques et des motifs financiers qui se verraient bloqués dans l'urgence climatique actuelle.
Au-delà de la simple modification d'une page web, c'est la crédibilité des institutions gouvernementales qui est en jeu. En choisissant de modifier le contenu pour le rendre scientifiquement incorrect, l'agence ne fait pas que cacher une information : elle ment activement au public.
Daniel Swain, climatologue à l'UCLA, s'inquiète également de l'effet ricochet, notamment sur les intelligences artificielles qui pourraient agréger ces informations faussées.
L'enjeu dépasse la politique : comment reconstruire la confiance dans des sources officielles une fois qu'elles ont été délibérément compromises ?