Depuis la fin du mois de mars, les experts de l'ESA au CNES multipliaient les tests des instruments embarqués sur Philae, le petit module robotique intégré à la sonde Rosetta, partie de Terre il y a 10 ans de cela pour aller se placer à proximité de Jupiter, au plus près du passage de la comète Shuryumov-Gerasimenko.
Le but de la manoeuvre : déterminer si le robot sera en mesure de réaliser l'ensemble de sa mission sans aucun problème. Il devra en effet aller se crasher directement dans la comète lorsqu'elle passera au plus près de la sonde le 11 novembre prochain.
Philippe Gaudon, chef du projet au CNES a ainsi confirmé que l'ensemble des instruments de Philae était parfaitement opérationnel : sa caméra, son spectromètre et sa foreuse n'ont ainsi pas été endommagés ni par le voyage ni par le temps.
Jean-Pierre Bibring, un des responsables français du projet a précisé " On sait peu de choses sur ces comètes composées à 80 % de glace d'eau, dont la sublimation à proximité du soleil provoque la chevelure, mais on a découvert qu'elles renfermaient du carbone sous forme de macromolécules extrêmement noires datant de la naissance du système solaire." " Leur analyse peut permettre de comprendre les processus d'où la vie a pu découler."
Une fois projeté sur la comète, Philae devrait mener une opération de forage et analyser les composants du coeur de cette dernière, puis renvoyer les données vers la Terre. En outre, le robot effectuera également des mesures concernant le magnétisme de la comète.
Rosetta aura parcouru 6 milliards de kilomètres en 10 ans et se sera mise en veille pendant 3 ans en attendant la rencontre avec la comète. Ce n'est que ces derniers temps que l'ensemble des instruments a été réveillé progressivement, et les tests de routine lancés. Il faudra encore une dizaine de jours pour terminer les derniers tests des instruments, même si les principaux sont déjà annoncés comme fonctionnels. Pendant ce temps, Rosetta continue de progresser à une vitesse de 40 000 km par heure et ne devrait commencer à ralentir qu'au mois de juin.
Après une analyse des composants de la queue de la comète dès le mois de juillet, Philae devrait se rapprocher de celle-ci pour se placer en orbite autour de son noyau à une altitude d'environ 30 kilomètres.
Ce n'est qu'à ce moment que le CNES de Toulouse sélectionnera 5 sites d'atterrissage possibles, le site définitif n'étant choisi qu'au mois d'octobre.
La manoeuvre se voudra particulièrement risquée pour les scientifiques, puisque la comète et le robot se déplaceront à plus de 11 kilomètres par seconde, et que la structure du sol et la densité de la comète restent pour l'instant inconnues. Un impact trop puissant pourrait amener la comète à éclater partiellement, tandis que Philae ne devra pas s'enfoncer de plus de 70 cm dans cette dernière sans quoi ses instruments seront inutilisables.
Une fois sur place, Philae aura quatre mois pour mener à bien sa mission, les diverses mesures devant être réalisées dans les deux premiers jours. Nous pourrons ainsi en apprendre davantage sur les origines de l'Univers et de la vie d'ici la fin de cette année, si tant est que tout se passe comme prévu pour Philae.