Cinq mois à peine après la panne géante qui a plongé le pays dans le noir, le spectre d'un nouveau black-out plane sur l'Espagne. Fin septembre, le réseau électrique a de nouveau vacillé, victime de "fortes anomalies de tension" qui ont semé la nervosité chez les opérateurs.
Un paradoxe inquiétant, car ces secousses interviennent alors même que le pays a déployé un coûteux "bouclier anti-blackout" censé garantir la stabilité. L'incident met en lumière la complexité et la fragilité de la transition énergétique espagnole.
Quelles sont ces nouvelles tensions qui inquiètent l'Espagne ?
L'alerte a été donnée en interne. Selon des sources citées par la presse espagnole, les techniciens de Red Eléctrica (REE), le gestionnaire du réseau, ont dû gérer plusieurs pics de tension anormaux fin septembre 2025.
Bien que l'entreprise démente officiellement la gravité des faits, ces incidents surviennent alors que le réseau est maintenu en "mode renforcé" depuis la crise d'avril. Le fait que des instabilités persistent malgré cette vigilance maximale prouve que les problèmes de fond n'ont pas été résolus et que le système reste sur un fil.
En quoi consiste le "bouclier anti-blackout" et est-il efficace ?
Pour éviter un nouveau chaos, l'Espagne a sacrifié une partie de ses ambitions écologiques et économiques. Le bouclier anti-blackout mis en place repose sur une utilisation accrue des centrales à gaz. Plus pilotables et stables que les renouvelables, elles sont sollicitées en permanence pour sécuriser le réseau, même si leur production est plus chère et plus polluante. En parallèle, la part des énergies solaire et éolienne est parfois bridée.
Cette stratégie a un coût direct pour les consommateurs, qui voient leur facture d'électricité augmenter. L'apparition de nouvelles anomalies malgré ce "bouclier" onéreux pose donc une question cruciale : cette solution est-elle vraiment efficace ou n'est-elle qu'un pansement coûteux sur une jambe de bois ?
Les énergies renouvelables sont-elles la cause du problème ?
Ironiquement, les nouvelles perturbations semblent être une conséquence directe de la solution imaginée pour les éviter. Suite au black-out d'avril, les autorités ont obligé les parcs solaires et éoliens à participer activement à la stabilisation de la tension du réseau, une tâche jusqu'ici dévolue aux centrales traditionnelles. Or, les anomalies de septembre sont survenues précisément au moment où des centaines de producteurs d'énergies renouvelables menaient des tests pour se conformer à cette nouvelle réglementation.
Face à cette complexité, Red Eléctrica a pris une nouvelle mesure radicale : ralentir artificiellement la réactivité des centrales vertes. En les forçant à moduler leur production plus lentement, le gestionnaire se donne plus de temps pour réagir et garder le contrôle. Un aveu à peine voilé que l'intégration massive et sécurisée des renouvelables reste un casse-tête technique majeur.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qu'est-ce qu'un black-out électrique ?
Un black-out est une panne de courant à grande échelle, touchant une vaste zone géographique. Contrairement à une simple coupure, il résulte souvent d'une défaillance en cascade sur le réseau de transport d'électricité, rendant sa résolution complexe et potentiellement longue.
Pourquoi les énergies renouvelables peuvent-elles déstabiliser un réseau ?
Les énergies solaire et éolienne sont par nature intermittentes : leur production dépend des conditions météorologiques. Cette variabilité peut créer des fluctuations de tension et de fréquence sur le réseau, qui doit être équilibré en permanence. L'intégrer à grande échelle nécessite des systèmes de gestion et de stockage très sophistiqués pour compenser cette instabilité.
La France est-elle menacée par un risque similaire ?
Le risque zéro n'existe pas, mais le réseau français, géré par RTE, est l'un des plus robustes d'Europe. Son mix énergétique, fortement basé sur le nucléaire (une source d'énergie pilotable et stable), le rend moins vulnérable aux problèmes d'intermittence que l'Espagne. Les interconnexions avec les pays voisins permettent également de mutualiser les risques.