Dans le sillage des Etats-Unis qui ont instauré de multiples restrictions pour empêcher la Chine de retourner des technologies d'origine US contre eux, l'Europe entend mieux protéger ses ressources stratégiques des intérêts étrangers.

Après des années de politique d'ouverture dans la logique d'une économie mondialisée, l'UE a subi les contre-coups des dernières crises et pénuries, révélant ses fragilités face à d'autres blocs géographiques qui n'hésitent pas à se servir dans le savoir-faire technique européen, avec la seule contrepartie d'un accès à des marchés sur lesquels il reste très difficile de s'implanter.

Désormais, l'Europe veut garantir la protection de ses technologies stratégiques dans un contexte géopolitique plus tendu où les logiques mondialistes laissent place à la nécessité de faire revenir de la souveraineté dans les approvisionnements comme les technologies.

Ne plus tout laisser faire au nom de la mondialisation

La Commission européenne a identifié quatre domaines stratégiques qui feront désormais l'objet d'une surveillance particulière : les semi-conducteurs, l'intelligence artificielle, le quantique et la biotech.

Ce sont des secteurs dont les technologies peuvent aussi bien couvrir des applications civiles ou militaires et qui nécessitent donc un suivi particulier pour éviter les dérives.

electronique

Officiellement, la Chine n'est pas particulièrement visée par ce revirement mais, concrètement, c'est bien elle qui est concernée en priorité, et dans une moindre mesure la Russie.

Les investigations sur les aides d'Etat accordées aux constructeurs automobiles chinois pour leur permettre de casser les prix sur les marchés européens et d'affaiblir l'industrie européenne sont un premier coup de semonce annonçant un changement d'attitude.

L'UE doit détailler les mesures de soutien à ces secteurs au printemps prochain, ce qui passera sans doute par des partenariats privilégiés et un contrôle renforcé des exportations et investissements étrangers.

Cela passera d'abord par des discussions avec les 27 Etats membres qui promettent d'être électriques, les attentes de chacun étant différentes en fonction de leur exposition au marché chinois.

La fin de la naïveté

Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, veut croire à la possibilité d'adopter une position commune européenne : "L'Europe s'adapte aux nouvelles réalités géopollitiques, met fin à l'ère de la naïveté et agit comme une véritable puissance géopolitique".

Au-delà des mots, les intérêts nationaux sont pourtant divergents et la Chine peut avoir des moyens de pression sur certains pays européens. De son côté, la Commission européenne veut disposer d'un outil lui permettant de sanctionner un pays qui chercherait à faire pression sur l'un des Etats membres par des sanctions économiques.

Cela pourra passer par des restrictions d'accès aux marchés publics et au blocage des importations de produits. En parallèle, l'UE veut accompagner les investissements dans les sites de production stratégiques pour casser l'effet de concurrence déloyale de la Chine sur certains marchés en appliquant ses propres règles.

Source : La Tribune / AFP