Avec l'affaire Cambridge Analytica, dans laquelle les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs de Facebook ont été exploitées sans leur consentement, Mark Zuckerberg, fondateur et dirigeant du réseau social, a délaissé sa tenue décontractée habituelle pour enfiler le costume cravate et passer de longues heures à s'excuser devant le Sénat américain, selon un exercice codifié apportant au final peu de réponses et d'explications.
Pendant ce temps, les analystes tentent déjà de chiffrer les pertes de revenus et d'utilisateurs pour le réseau social.
Pour Daniel Ives, de GBH Insights, la perte de revenus pourrait atteindre 1 à 2 milliards de dollars du fait que, selon une enquête, environ 15% des utilisateurs seraient décidés à ne plus utiliser Facebook.
Confirmant que l'ensemble des revenus du réseau social provenait des placements publicitaires, Mark Zuckerberg a également clarifié certains fondements du modèle économique du réseau social en rappelant une volonté d'apporter les services au plus grand nombre, et donc en conservant la gratuité en échange du ciblage publicitaire.
Il répondait en cela à une remarque de Sheryl Sandberg, numéro deux de Facebook, qui évoquait la possibilité de créer un service payant pour sanctuariser les données personnelles.
Mark Zuckerberg est sans doute bien conscient que la gratuité de l'accès et des services proposés constitue l'une des forces de Facebook qui lui a permis de conquérir des centaines des millions de clients et qu'une remise en cause de ce principe pourrait fragiliser l'équilibre d'un modèle visant à relier les utilisateurs du monde entier.
Se pose alors la question d'une régulation pour éviter de nouveaux dérapages. Daniel Ives suggère sans trop de surprise qu'elle viendra d'abord d'une auto-régulation du secteur high-tech avec la mise en place d'une plus grande transparence sur l'utilisation des données.