Ferrari a officiellement levé une partie du mystère sur sa première voiture 100% électrique, provisoirement nommée Elettrica. Au programme : une fiche technique impressionnante avec plus de 1000 chevaux, une batterie de 122 kWh et une autonomie de plus de 530 km. La marque de Maranello mise sur une technologie développée en interne pour conserver son ADN de performance.

Le constructeur au cheval cabré, célèbre pour ses V12 atmosphériques, opère un virage stratégique majeur. Loin d'une annonce précipitée, cette révélation technique s'inscrit dans un plan de communication en trois temps orchestré par le PDG, Benedetto Vigna.

Le design et le prix ne seront connus qu'en 2026. Pour cette évolution historique, la marque veut préparer le terrain et démontrer que la transition vers l'électrique est une évolution maîtrisée, et non une rupture subie.

Une fiche technique qui impose le respect

Les chiffres annoncés positionnent d'emblée l'Elettrica dans le cercle très fermé des hypercars. La puissance cumulée des quatre moteurs électriques dépasse les 1000 chevaux en mode boost, permettant d'abattre le 0 à 100 km/h en seulement 2,5 secondes pour une vitesse de pointe de 310 km/h. C'est une performance brute qui place cette première voiture 100% électrique de la marque au niveau des meilleures productions thermiques.

Ferrari Elettrica illustration ia

Illustration IA de la Ferrari Elettrica

Pour alimenter cette cavalerie, Ferrari a intégré une batterie de 122 kWh (capacité brute), promettant une autonomie supérieure à 530 km. Grâce à son architecture 800V, elle pourra supporter une puissance de recharge maximale de 350 kW, un standard sur le segment.

Le poids, ennemi de la performance, est annoncé autour de 2300 kg, avec une répartition des masses optimale (47/53) pour préserver l'agilité légendaire de la marque.

Au-delà des chiffres, une maîtrise technologique interne

La véritable ambition de Maranello n'est pas de simplement cocher les cases de la performance brute, mais de concevoir et produire en interne l'intégralité des composants clés.

Ferrari ne se contente pas d'assembler des pièces de fournisseurs ; la marque a développé ses propres moteurs, onduleurs et a conçu l'assemblage de son pack batterie. Cet engagement pour un savoir-faire développé en interne est un signal fort envoyé au marché.

Ferrari Elettrica plateforme electrique

La plate-forme électrique de Ferrari, en attendant de découvrir l'Elettrica

Les moteurs, dérivés de l'expérience en Formule 1, affichent des régimes de rotation vertigineux (jusqu'à 30 000 tr/min pour l'essieu avant) et une densité de puissance record.

Ils utilisent une architecture sophistiquée d'aimants permanents en réseau de Halbach pour maximiser le couple. Les onduleurs au carbure de silicium (SiC) atteignent quant à eux un rendement de 93%, une pièce maîtresse pour optimiser la gestion de l'énergie.

Le châssis et le son : la quête des « frissons de conduite »

Pour Ferrari, une voiture électrique ne doit pas renier le plaisir. L'Elettrica hérite ainsi de la suspension active 48V de dernière génération déjà vue sur les Purosangue et F80.

Ce châssis actif, combiné à une direction sur les quatre roues et au pilotage indépendant de chaque moteur, offre un contrôle total sur chaque axe de chaque roue. L'objectif avoué est de donner au conducteur la sensation d'un véhicule bien plus léger que ses 2,3 tonnes.

La question du son, cruciale pour les puristes, a également été traitée avec une approche singulière. Plutôt que de synthétiser une fausse sonorité de moteur V12, Ferrari a choisi d'amplifier les vibrations réelles des onduleurs et des moteurs. Le son perçu dans l'habitacle sera donc une interprétation authentique de la mécanique électrique en action, filtrée pour ne conserver que les fréquences les plus nobles.

Si la fiche technique a de quoi impressionner, de nombreuses inconnues demeurent. Le design, confié au prestigieux studio LoveFrom de Jony Ive et Marc Newson, sera un élément déterminant.

Mais la question fondamentale reste entière : Ferrari parviendra-t-il à transposer l'âme et les "frissons de conduite" qui ont fait sa légende dans un monde sans cylindres ni pistons ?

Les investisseurs divisés, le cours chute durement

Le verdict tombera en 2026 mais, pour le moment présent, les investisseurs font plutôt grise mine et ont fait plonger le cours de Ferrari de 16% dans le contexte plus large de la présentation de la stratégie de Ferrari jusqu'en 2030.

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Les Ferrari thermiques ont encore de beaux jours devant elles

Le constructeur reste sur une approche prudente qui prévoit encore 40% de moteurs thermiques et 40% d'hybride à l'entrée dans la prochaine décennie, ne laissant donc que 20% dans son mix pour l'électrique, loin des 40% estimés précédemment.

Ferrari n'est pourtant pas la seule firme à afficher une certaine prudence dans sa stratégie électrique, d'autres ayant même tendance à reculer sur des projets pourtant déjà engagés.