Le navire Fantastic, appartenant à la compagnie italienne GNV et capable d'accueillir plus de 2 000 passagers, vogue désormais en eaux troubles. Alors qu'il avait accosté à Sète, un renseignement crucial transmis par les autorités italiennes a mis les services français en alerte.
L'information faisait état d'une possible compromission du système informatique du bateau par un logiciel malveillant, soulevant des questions de sécurité nationale d'une gravité exceptionnelle.
L'interpellation et la découverte du dispositif
Sur la base des informations italiennes, deux membres de l'équipage, un Letton et un Bulgare, ont été rapidement identifiés et interpellés le 12 décembre, rapporte la presse régionale et nationale.
Le ferry Fantastic (credit : GNV.it)
Le cœur de l'affaire réside dans la nature du dispositif découvert : un boîtier de type RAT, pour Remote Access Tool. Cet outil d'accès à distance n'est pas un simple logiciel espion ; il aurait potentiellement permis à des acteurs malveillants de prendre le contrôle intégral du ferry, un scénario aux conséquences désastreuses.
Face à une telle menace, la réaction a été immédiate. Le navire a été immobilisé et placé sous scellé pour permettre aux experts de la Direction générale de la sécurité intérieure, la DGSI, de mener leurs investigations.
Après des constatations techniques approfondies et la saisie de plusieurs éléments, tout danger a été écarté, autorisant le Fantastic à reprendre la mer.
Une enquête aux ramifications internationales
L'affaire a très vite dépassé les frontières françaises. Des perquisitions ont été menées en urgence en Lettonie, avec le soutien actif d'Eurojust et des autorités locales, signe de la dimension européenne de cette potentielle attaque.
Une information judiciaire a été ouverte à Paris pour des chefs d'accusation particulièrement lourds, incluant « atteinte à un système de traitement automatisé de données en bande organisée » et « participation à une association de malfaiteurs ».
À l'issue de leur garde à vue, les destins des deux suspects ont divergé. Le citoyen letton a été mis en examen pour l'ensemble de ces chefs et placé en détention provisoire.
Son collègue bulgare a, quant à lui, été remis en liberté sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui. L'avocat du principal mis en cause a toutefois appelé à la prudence, suggérant que l'instruction pourrait révéler un dossier moins inquiétant qu'il n'y paraît de prime abord.
L'ombre d'une puissance hostile en toile de fond
Le motif aggravant retenu par la justice est sans équivoque : les actes auraient été commis « dans le but de servir les intérêts d’une puissance étrangère ».
Cette qualification place l'affaire sur le terrain de l'espionnage et de l'ingérence étrangère. Si aucun État n'est officiellement désigné, la piste russe est souvent évoquée dans ce type d'opérations de déstabilisation, comme l'ont illustré de récents événements en France.
L'avocat du suspect letton a qualifié cette hypothèse d'illusoire, invitant à ne pas tirer de conclusions hâtives. Les investigations se poursuivent désormais sous l'égide d'un juge d'instruction, en étroite coopération avec les autorités italiennes.
L'expertise du matériel saisi sera déterminante pour identifier les commanditaires et comprendre les objectifs réels de cette tentative de piratage en haute mer.