La consommation électrique française a chuté de 11 % depuis son pic historique de 2013, pour s'établir à 449,2 TWh en 2024. Une sobriété durable, fruit de la crise énergétique et des progrès en efficacité.

Pourtant, dans le même temps, les capacités de production n'ont jamais été aussi dynamiques, atteignant un record de 539 TWh produits sur l'année. Ce décalage apparent cache en réalité une stratégie nationale et européenne parfaitement cohérente.

Pourquoi produire plus si l'on consomme moins ?

La réponse tient en un mot : décarbonation. L'enjeu n'est plus la quantité d'électrons, mais leur origine. En 2024, la France a atteint un niveau exceptionnel de 95 % de production bas carbone, grâce à la performance du nucléaire, de l'hydraulique et à la montée en puissance du solaire et de l'éolien. Cette abondance d'énergie propre ne reste pas confinée à nos frontières ; elle est la clé de voûte de la nouvelle politique énergétique du pays.

Le surplus permet des exportations massives vers nos voisins, avec 89 TWh envoyés sur le réseau européen en 2024. Cette démarche a permis d'éviter près de 20 millions de tonnes de CO₂ sur le continent, en remplaçant des centrales à gaz ou à charbon. Chaque nouveau mégawatt renouvelable installé en France devient ainsi un outil de décarbonation à l'échelle européenne, transformant l'Hexagone en moteur de la transition énergétique continentale.

Quelle est l'ampleur de cette dynamique renouvelable ?

Le solaire est sans conteste le fer de lance de cette transformation. Avec une croissance record, la puissance du parc photovoltaïque français a atteint 29,7 GW au troisième trimestre 2025. Sur les neuf premiers mois de l'année, 4,5 GW ont été raccordés, une accélération fulgurante par rapport aux 3,7 GW de la même période en 2024. Les régions comme la Nouvelle-Aquitaine, l'Occitanie et l'Auvergne-Rhône-Alpes concentrent à elles seules près de la moitié de cette nouvelle puissance.

Cette expansion est tirée à la fois par les petites installations individuelles, qui représentent 86 % des nouveaux raccordements, et par les grandes centrales au sol, qui fournissent l'essentiel de la puissance. L'autoconsommation progresse également, représentant 10 % de la production photovoltaïque. Avec une file d'attente de projets atteignant 36,9 GW, la dynamique est loin de s'essouffler et confirme la place centrale des renouvelables dans le mix énergétique futur.

Quels sont les défis de cette abondance d'énergie verte ?

Cette baisse actuelle de la consommation ne doit pas tromper : elle est conjoncturelle. La véritable lame de fond est l'électrification des usages, indispensable pour sortir des énergies fossiles qui représentent encore 60 % de l'énergie finale consommée en France. Transports, chauffage, industrie : tous ces secteurs devront basculer vers une électricité propre, ce qui entraînera inévitablement une hausse de la demande à moyen et long terme.

Anticiper cette demande future justifie donc pleinement l'accélération actuelle. Cependant, cette abondance intermittente pose de nouveaux défis techniques. La gestion des pics de production, l'apparition d'heures à prix négatifs et le besoin accru de stockage sont au cœur des préoccupations. Développer la flexibilité du réseau et les solutions de stockage est donc la prochaine étape cruciale pour bâtir un système énergétique non seulement décarboné, mais aussi parfaitement résilient et stable, tout en maîtrisant la production.

Foire Aux Questions (FAQ)

La consommation d'électricité baisse-t-elle vraiment en France ?

Oui, de manière structurelle depuis plus de dix ans. En 2024, elle a atteint son plus bas niveau en une décennie, avec une baisse de 6 % par rapport à la moyenne 2014-2019 et de 11 % par rapport au pic de 2013. Cette tendance s'explique par la sobriété post-crise énergétique et les gains d'efficacité.

Pourquoi la France exporte-t-elle autant d'électricité ?

Grâce à une production record et très majoritairement décarbonée (95 %), la France dispose d'un surplus d'électricité propre. L'exporter permet de remplacer des énergies fossiles (gaz, charbon) dans les pays voisins, contribuant ainsi activement à la réduction des émissions de CO₂ à l'échelle européenne.

Le solaire est-il le principal moteur de cette transition ?

Oui, le solaire photovoltaïque connaît une croissance explosive et représente l'essentiel des nouvelles capacités installées en France, avec un record de 5 GW ajoutés en 2024. Il produit désormais plus que les centrales à gaz et à charbon réunies, aux côtés d'un éolien également en forte progression.