La France a officiellement mis en service le M51.3, la nouvelle version de son missile mer-sol balistique stratégique. Annoncée ce mardi, cette modernisation majeure équipera les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) et vise à garantir la crédibilité de la dissuasion océanique face aux nouvelles menaces.

La nouvelle a été confirmée par le ministère des Armées et ArianeGroup : le missile M51.3 est officiellement entré en service opérationnel. Cette décision, signée vendredi dernier par la ministre des Armées Catherine Vautrin, marque l'aboutissement d'un long processus de modernisation engagé il y a près de douze ans.

Une crédibilité renforcée face aux défenses adverses

Le M51.3 correspond à la troisième version du missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) qui équipe les forces françaises. Développé par ArianeGroup sous la maîtrise d'ouvrage de la DGA (Direction générale de l'armement), ce missile de 12 mètres de haut pour 50 tonnes affiche des performances accrues.

missile ballistique M51

Le ministère des Armées insiste sur une meilleure portée, estimée au-delà des 8 000 km actuels, mais aussi sur une précision et une capacité de pénétration améliorées. L'objectif est clair : affirmer l'efficacité de la dissuasion face à l'évolution constante des défenses antimissiles adverses.

Qu'est-ce que la nouvelle tête nucléaire TNO-2 ?

Cette modernisation concerne aussi l'ogive. Le M51.3 emporte la nouvelle tête nucléaire océanique (TNO-2). Cette tête a été conçue et validée grâce au programme Simulation de la Direction des applications militaires du CEA (Commissariat à l’énergie atomique).

Ces têtes, généralement au nombre de six à dix par missile, sont logées au sommet de l'engin, après les trois étages propulsifs alimentés par du propergol solide.

Le M51.3, un pion essentiel sur l'échiquier stratégique

Le M51.3 sera déployé progressivement sur les quatre sous-marins SNLE de type Le Triomphant de la Marine nationale. Ces navires constituent le cœur de la composante océanique, garantissant la permanence de la dissuasion.

missile M51 tir essai DGA Landes

Tir d'essai d'un missile M51 par la DGA

La doctrine française impose qu'au moins un de ces sous-marins soit en permanence en patrouille, caché au fond des océans, prêt à déclencher une riposte nucléaire même si le territoire national était attaqué.

Ce missile, capable d'atteindre Mach 16 (environ 20 000 km/h) lors de sa rentrée atmosphérique, est l'outil de cette stratégie.

La suite déjà en préparation

Ce missile M51.3, qui a réussi son tir de qualification en novembre 2023, succède aux versions M51.1 et M51.2. Mais la course à la modernisation ne s'arrête jamais.

À l'instar des autres puissances nucléaires, la France anticipe déjà l'avenir. Le ministère des Armées a confirmé que la DGA avait notifié à ArianeGroup, fin août 2025, le marché de développement pour la quatrième génération : le M51.4.