La marine chinoise vient d'entrer dans une nouvelle ère technologique en présentant au monde les premiers décollages de son porte-avions Fujian équipé d’une catapulte électromagnétique.

Ce système inédit sur une flotte chinoise, mis en avant par des images officielles et largement relayé dans les médias internationaux, redéfinit le niveau de puissance et de sophistication de la marine de Pékin.

Au-delà de la prouesse technique, la démonstration soulève des interrogations sur la nouvelle configuration stratégique en Asie et au-delà, alors que seuls les Etats-Unis disposaient jusqu'à présent d'un tel dispositif.

Des décollages spectaculaires pour le Fujian

L’entrée en scène du Fujian, le troisième et plus avancé des porte-avions chinois, n’est pas passée inaperçue. Pour la toute première fois, le pays a diffusé des séquences confirmant la réussite de la catapulte électromagnétique.

 Ce système innovant permet aux chasseurs J-35, J-15T et à l’avion radar KJ-600 de décoller du pont, illustrant la capacité du navire à gérer simultanément plusieurs types d’appareils.

Le procédé électromagnétique remplace les catapultes à vapeur, rendant le lancement plus rapide et précis. Ces exercices réussis de décollage et d’appontage annoncent l’arrivée imminente du Fujian dans la flotte active.

Loin d’être symbolique, cette étape place la Chine parmi les rares puissances à maîtriser ce niveau d’innovation, juste derrière les États-Unis dans la course aux technologies navales.

On notera que la France profitera aussi d'un système de catapultage électromagnétique sur le futur porte-avions PA-NG (porte-avions de nouvelle génération) qui succèdera au Charles de Gaulle mais pas avant la fin de la prochaine décennie.

L’envol du J-35 : une avancée militaire majeure

Le porte-avions Fujian devient le théâtre du premier envol d’un chasseur furtif J-35 depuis une catapulte électromagnétique, une performance qui, selon les analystes, pourrait bouleverser le rapport de force régional.

Le J-35 est une réponse directe à l'avion de combat F-35 américain et sa version navale est donc désormais capable d'exploiter cette technologie avancée de décollage.

Ce jet de cinquième génération se démarque par sa capacité à embarquer un arsenal de missiles, sa furtivité accrue et son adaptation à des opérations prolongées en mer

Le J-35, unique en son genre, a multiplié les tests et les apparitions lors de défilés militaires et d'entraînements complexes. Sa mise en service ambitionne de rivaliser avec les F-35 américains mais les Etats-Unis ne vont pas en rester là.

Le Boeing F-47 de sixième génération vient d'entrer en production et devrait entrer en service dès 2028 avec des capacités furtives et d'armement avancées, notamment en supervisant des drones équipiers. Il doit permettre aux USA de conserver un temps d'avance.

Pourquoi la catapulte électromagnétique change la donne

Le système Electromagnetic Aircraft Launch System (EMALS) offre plusieurs avantages : il porte les avions à pleine charge plus vite, réduit l’usure et améliore la sécurité des opérations.

D’un point de vue opérationnel, le Fujian a déjà achevé plus de 100 jours d’essais en mer et peut accueillir des chasseurs, des drones, mais également des avions de veille avancée.

À terme, la Chine prévoit d’étendre cette technologie à quatre ou cinq nouveaux porte-avions et de renforcer son influence, notamment dans l’océan Indien et la mer de Chine méridionale.

Le contraste avec les porte-avions précédents est net : les Liaoning et Shandong, équipés d’un tremplin classique (ski-jump), ne peuvent rivaliser sur la polyvalence et la rapidité des décollages.

Une flotte en mutation, quels impacts géostratégiques?

Suite à ces avancées, la Chine s’impose comme la première puissance navale en termes de nombre de navires avec 234 unités, dépassant officiellement la flotte américaine, qui en compte 219.

Cette expansion ne relève pas seulement de la démonstration de force : elle accompagne une posture plus affirmée dans la région, surtout au niveau du détroit de Taïwan et de la mer de Chine méridionale.

La capacité à lancer des patrouilles avec des appareils lourds, et des avions de veille avancée, recompose la carte stratégique régionale dans une période de montée des tensions et de démonstration de force.