Le président de l'Arcep s'est lancé dans un grand chantier visant à ne pas réguler que les réseaux et infrastructures mais aussi à chercher à libérer les données personnelles prises en otage par les géants du Web.

En proposant des environnements clos ou faussement ouverts, dans lesquels les géants Google et Apple font la pluie et le beau temps et décident seuls à qui distribuer les bons points par une meilleure visibilité (leurs propres services, généralement) et qui mettre à l'écart, Sébastien Soriano, interrogé par Libération, évoque le danger de voir mourir toute possibilité d'alternative et de se retrouver avec un duopole stérilisant pour l'innovation.

Car pour aller voir ailleurs, encore faut-il savoir qu'il existe un ailleurs et pouvoir y accéder.

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Il appelle donc à une régulation afin de "garantir un Internet ouvert" et estime que "les systèmes d'exploitation de ces géants, Android pour Google et iOS pour Apple, qui à eux deux contrôlent quasiment 100% du marché mondial des smartphones, sont de véritables ogres. Il y a urgence à réguler".

Et puisque la perspective d'un troisième OS mobile alternatif s'est quasiment évanouie (Bill Gates s'en mord encore les doigts après l'extinction de Windows Phone / Windows Mobile tandis que les alternatives Linux mobile n'ont jamais réussi à atteindre une masse critique), le président de l'Arcep estime qu'un cadre doit être mis en place, un démantèlement, comme proposés par certains, n'étant qu'une solution ultime et difficile à mettre en plance.

Sébastien Soriano donne l'exemple du dégroupage pour les infrastructures et suggère qu'il faudra suivre la même voie pour les systèmes d'exploitation mobiles : "Entre le laisser-faire et le démantèlement, il y a une voie médiane, c'est celle de la régulation".

android

L'Arcep veut donc garantir une "liberté de choix de l'utilisateur" et ne pas laisser les géants du Web le faire à sa place, dans une logique du "winner takes all" (celui qui parvient à devenir leader écrase tout le marché) qui ne laisse aucune alternative.

Si les smartphones sont en première ligne de ce changement d'équilibre, les conséquences d'une régulation pourraient s'étendre de fait aux objets connectés, à la voiture connectée et autres systèmes intelligents.

Tout ceci est bien beau mais une régulation de portée nationale montrera bien vite ses limites face à des entreprises mondiales. Sébastien Soriano le reconnaît en soulignant que "le bon échelon d'intervention ne peut être qu'européen" mais il faut bien un point de départ et l'Arcep se verrait bien jouer ce rôle de précurseur...si les pouvoirs politiques le soutiennent.

Source : Arcep