Google a déjà fait quelques concessions pour tenter de rassurer l'industrie culturelle ( voir notre actualité ), mais parler de blocage semble aller un peu trop loin. C'est pourtant ce qui se trame aux USA et au Royaume-Uni autour de lois envisagées pour bloquer l'accès à des sites afin de lutter contre le piratage.
Aux USA, une proposition de loi prévoit que le gouvernement puisse ordonner le blocage et l'assèchement financier ( services publicitaires notamment ) de sites étrangers permettant la distribution de contenus illicites. Les moteurs de recherche seraient aussi mis à contribution.
Lors de la conférence Big Tent sur la vie privée à Londres, Eric Schmidt, le président exécutif de Google, a fait preuve d'une réelle fermeté. Selon des propos rapportés par The Guardian, il a déclaré :
" S'il y a une loi qui exige le blocage DNS et qu'elle est adoptée par les deux chambres du Congrès et signée par le président des États-Unis et que nous sommes en désaccord avec ça, alors nous continuerons de nous battre. "
Loi ou simple requête, Google n'a visiblement pas pour intention d'obtempérer et brandit l'étendard de la liberté d'expression. Une telle loi serait aux yeux d'Eric Schmidt trop simpliste pour des " problèmes plus complexes ". Un blocage DNS est pour lui synonyme d'une entrée dans l'ère chinoise.
Les associations MPAA et RIAA, qui défendent les intérêts de l'industrie du cinéma et de la musique aux USA, n'ont guère apprécié les déclarations d'Eric Schmidt. Pour elles, Google est en train de faire " machine arrière " par rapport à ses engagements de fin 2010. Elles renvoient Google à sa " responsabilité en tant qu'entreprise légitime " : " ne pas tirer bénéfice d'une activité criminelle ", et " ne pas se croire au-dessus des lois américaines ".
Le problème est évidemment que si certains sites peuvent donner les moyens d'opérer par exemple du téléchargement illégal, leur vitrine peut être parfaitement légale. Une technologie est neutre mais l'usage qui en est fait peut être sujet à caution. Alors décider de bloquer quoi ?
Plus tard, un porte-parole de Google a adouci les propos d'Eric Schmidt, soulignant que Google cherche à s'assurer qu'une loi ne mette pas en danger les sites légaux. " Cibler les sites dédiés au piratage tout en protégeant la liberté d'expression et les sites légitimes ".