Google_Chine Même si Google n'a pas été très clair quant à la nature exacte des attaques dont il a été victime ( ainsi que plusieurs autres entreprises ) en mélangeant intrusion informatique et attaques de type phishing ou via malware à l'encontre de comptes Gmail, ces " représailles " venues de Chine avec l'assentiment présumé de Pékin ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Tenant notamment compte du fait que ces attaques ont tenté de mettre à mal des comptes Gmail de militants des droits de l'Homme en Chine, Google a relancé le débat sur la liberté d'expression sur Internet et a décidé de ne plus jouer le jeu de la censure chinoise qu'il avait pourtant accepté en 2006 pour pénétrer ce vaste marché comptant actuellement près de 340 millions d'internautes.

Au risque de devoir quitter la Chine et fermer ses bureaux, Google a décidé de ne plus filtrer les résultats de recherche sur Google.cn et doit s'entretenir prochainement sur ce point avec les autorités de l'Empire du Milieu. On imagine toutefois assez peu que le gouvernement chinois soit très réceptif aux nouvelles exigences de Google, alors qu'il déploie beaucoup d'effort pour assurer une certaine forme de contrôle du Net. Bien que très apprécié en Chine, Google.cn n'est du reste pas le moteur leader, largement dépassé par Baidu ( part de marché de l'ordre de 60% à 70% selon les sources ).

Alors que Human Rights Whatch souligne le " très bon exemple " désormais donné par Google, Electronic Frontier Foundation parle d'une " position courageuse ". Même son de cloche du côté de l'association Reporters Sans Frontières :

" Nous ne pouvons que nous féliciter du courage démontré par les dirigeants de Google. Enfin, une entreprise étrangère du secteur de l'Internet prend ses responsabilités vis-à-vis de ses usagers chinois et oppose une véritable résistance aux exigences des autorités, engagées dans une spirale infernale de répression du Net "

RSF qui souhaite que l'exemple de Google soit suivi, vise tout particulièrement Yahoo! et Microsoft. Si la firme de Redmond n'a pas souhaité réagir suite à la décision de Google, un porte-parole de Yahoo! a indiqué au Wall Street Journal que la firme de Sunnyvale " s'aligne sur la position " de Google, mais de faire surtout référence aux cyberattaques sans véritablement évoquer le cas de la censure en Chine.


Google en fin stratège ?
La volte-face de Google est néanmoins diversement appréciée, et d'aucuns y voient une stratégie pour redorer l'image du groupe à l'heure où les questions sur le respect de la vie privée se font de plus en plus insistantes et occasionnent quelques dérapages polémiques comme celui du PDG de Google en personne. Si d'aventure Google restait en Chine grâce à un compromis qui reste du domaine du possible, nul doute que le moteur en tirerait les bénéfices avec une grande cote de sympathie auprès des internautes chinois et du monde entier.

Selon le Financial Times, les activités de Google en Chine qui se concentrent sur la recherche Web et la messagerie, représentent près de 138 millions d'euros par an contre par exemple 12 milliards d'euros aux USA ( deuxième population d'internautes après la Chine ). La Chine ne serait donc pas un énorme sacrifice pour Google, mais cela reste un marché en devenir.

Google va aller au bout de quelle logique ? Maintenant que la firme s'est publiquement engagée contre la censure, toute machine arrière serait très mal perçue.