Google accumule-t-il trop de pouvoir et de savoir au point de devenir dangereux du fait d'une concentration  d'énormes quantités d'informations dans les mains d'une unique société ? Le géant de la recherche, en étant présent sur de nombreux fronts et en s'attaquant à toujours plus de marchés, commence à inquiéter les gouvernements.

La ministre allemande de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, dans un entretien accordé à Der Spiegel, a fait part de son inquiétude de voir Google détenir toujours plus de pouvoir et d'informations sur les citoyens par ses activités en tant que moteur de recherche, de cartographie, de numérisation des ouvrages, etc.

Le problème ne repose pas tant sur la multiplication de la présence de Google dans de nombreux domaines mais sur le manque de transparence associé à ces projets et de ce que pourrait faire le groupe américain avec les données accumulées.

Et la comparaison fatidique est lâchée : " Tout compte fait, ce qui se dessine là, dans une large mesure, est un monopole géant, similaire à celui de Microsoft ", a-t-elle indiqué ( propos repris par Reuters ). Et de menacer Google de poursuites si ce dernier n'apportait pas plus de clarté sur les rouages de ses activités.

" Ma première réaction n'est pas d'interdire quelque chose ou d'arrêter quelque chose. Mais je veux vraiment créer plus de transparence et m'assurer que les utilisateurs savent ce qui est fait de leurs données (personnelles) "
, poursuit-elle, soulignant que si rien ne change, des sanctions pourraient être prises.


Un goût du secret qui finit par inquiéter
Aux Etats-Unis, plusieurs investigations ont été lancées en 2009 pour s'assurer que Google ne créait pas une situation de monopole. Ses relations étroites avec Apple ont été étudiées, obligeant Eric Schmidt, sont président, à quitter son poste au conseil d'administration d'Apple après avoir annoncé le lancement de son propre système d'exploitation, Chrome OS.

Le goût du secret, partagé entre Google et Apple, finit par inquiéter en ne rendant pas claires les motivations du groupe. On se souvient du rôle trouble joué lors de l'attribution des fréquences de la bande 700 MHz aux opérateurs début 2008.

Google avait laissé planer le doute sur la possibilité de devenir opérateur en achetant lui-même des lots de fréquences. Ce n'est qu'après le processus d'enchères qu'il avait révélé son véritable objectif : s'assurer de l'ouverture des réseaux mobiles en mettant la pression sur la FCC ( Federal Communication Commission ) et desserrer l'étau instauré par les opérateurs aux Etats-Unis ( nous étions alors l'un des rares observateurs à avoir correctement décodé sa stratégie ).

Et ce n'est que maintenant, avec l'annonce du Google Nexus One et de son modèle de distribution pour partie indépendant des opérateurs, que cette stratégie particulière commence à trouver réellement son sens.

Ces choix de stratégie opaque, se jouant avec plusieurs coups d'avance, ont l'avantage de permettre à Google d'arriver là où on ne l'attend pas et de prendre au dépourvu les concurrents du secteur visé ( voire ses propres partenaires ) mais ils risquent aussi de prendre de vitesse les régulateurs et d'instaurer des modèles économiques possédant des effets pervers. Pour de plus en plus d'observateurs, le temps du " do no evil " est bel et bien passé.