Le projet de Google continue d'attiser tous les fantasmes et la France semble particulièrement inquiète à son sujet alors que la firme de Mountain View avec sa puissance financière est déjà un candidat sérieux à l'onéreuse numérisation du fonds de la Bibliothèque nationale de France.
Afin de notamment étudier l'opportunité et les modalités d'un éventuel accord avec un opérateur privé pour la numérisation du patrimoine, le ministre de la Culture a mis en place une commission qui doit rendre ses conclusions le 15 décembre prochain. Pour cette commission, Frédéric Mitterrand a souhaité qu'elle " se garde de toute hostilité facile envers l'Amérique ", tout en se montrant vigilante sur " l'indépendance nationale en matière culturelle " et sur le strict " respect des droits d'auteur ".
Google est toujours en piste, mais probablement pas uniquement puisque le ministre a demandé la somme de 753 millions d'euros pour la numérisation dans le cadre du Grand Emprunt. La France reste donc ouverte à la discussion, et n'exclut a priori pas un partenariat public-privé.
Reste les récentes déclarations du président de la République, qui sans jamais nommer Google, a indiqué :
" Il n'est pas question de nous laisser déposséder de notre patrimoine au bénéfice d'un grand opérateur aussi sympathique soit-il, aussi important soit-il, aussi américain soit-il. […] Il n'est pas question que ce que des générations et des générations ont produit en langue française nous nous en laissions déposséder simplement parce qu'on ne serait pas capable de mobiliser l'argent nécessaire pour faire nous-mêmes un travail de numérisation. "
Du côté de Google, on joue l'incompréhension. Interrogée par TF1 News, Marissa Mayer, l'une des dirigeantes les plus en vue de la société américaine, a déclaré :
" Je ne comprends pas ce que nous reproche votre ministre de la Culture. Après tout, conserver le patrimoine, cela fait partie de son boulot ! […] Je me suis directement occupée de Google Books pendant des années et je pense que ce service est très mal compris. Le but de Google Books, c'est de mettre en ligne de l'information imprimée. Contrairement aux pages Web qui apparaissent presque instantanément, les livres mettent des années à être indexés mais ils représentent une richesse importante qui manque aujourd'hui à Internet. C'est pour cette raison que nous avons pris l'initiative de les scanner car cela peut améliorer la recherche. L'avantage de ce travail, c'est justement la conservation du patrimoine. "