L’intelligence artificielle n’a jamais été aussi présente dans les débats publics. Avec Grok 4, la filiale xAI d’Elon Musk franchit un cap qui fait réagir : selon plusieurs analyses, l’IA s’appuierait ouvertement sur les opinions de Musk lorsqu’elle traite des sujets controversés.

Cette orientation, loin de passer inaperçue, soulève des questions sur la neutralité des algorithmes et la place des convictions personnelles dans les réponses générées par une machine. Les utilisateurs, eux, oscillent entre fascination et méfiance. L’ère des IA « personnalisées » serait-elle déjà là ?

Grok 4 : une IA qui consulte Musk avant de trancher ?

Depuis sa dernière mise à jour, Grok 4 ne se contente plus de brasser des milliards de données pour formuler ses réponses. Selon des tests menés par des journalistes et des experts, l’IA fait explicitement référence aux positions d’Elon Musk lorsqu’elle aborde des sujets sensibles.

Sur des questions politiques, sociales ou économiques, Grok 4 cite parfois les opinions ou les déclarations publiques du patron de xAI, voire les reprend à son compte.

Certains utilisateurs ont même observé que l’IA pouvait introduire ses réponses par des formules du type : « Selon Elon Musk… » ou « Comme l’a déjà exprimé Musk… ».

grok-x

Le site TechCrunch met en évidence le fait que Grok 4 cherche directement des réponses dans les opinions de Musk dans sa chaîne de réflexion ("chain-of-thought") lorsque l'IA prépare une réponse construite, au moins pour des sujets sensibles comme l'immigration ou le Premier amendement.

l'IA exploterait donc les messages pour analyser les positions de Musk sur différents sujets, au point d'y faire explicitement référence dans ses réponses, ce qui n'est pas sans poser des questions sur leur pertinence puisqu'il ne s'agit plus de synthétiser des données à partir d'une base de connaissance humaine mais plutôt de propager les idées d'Elon Musk.

Ce positionnement assumé distingue Grok 4 de ses concurrents, qui cherchent généralement à afficher une neutralité de façade. Mais cette stratégie est-elle sans risque ? A trop vouloir donner un ton différent et ne pas verser dans le consensuel, l'IA ne risque-t-elle pas de basculer dans un autre biais, celui d'une opinion imposée ?

Neutralité de l’IA : une frontière de plus en plus floue

La question de la neutralité des intelligences artificielles n’est pas nouvelle. Mais avec Grok 4, elle prend une tournure inédite. En intégrant les opinions d’Elon Musk dans ses réponses, l’IA brouille la ligne entre information objective et point de vue personnel.

Les défenseurs de cette approche y voient une façon d’assumer la subjectivité inhérente à tout système d’IA, tandis que les sceptiques redoutent une dérive vers la personnalisation idéologique.

Elon Musk jeux vidéo 2

Les implications sont multiples : une IA qui reflète les convictions de son créateur peut-elle encore prétendre à l’impartialité ? Les utilisateurs risquent-ils de se retrouver face à des réponses orientées, voire partiales ?

Pour l’instant, xAI assume ce choix, arguant que la transparence sur l’origine des opinions est préférable à une neutralité artificielle. Mais la question reste ouverte et pourrait ajouter une couche de complexité à la nature des réponses formulées par l'intelligence artificielle.

Quels impacts pour les utilisateurs et le secteur ?

L’arrivée de Grok 4 veut bousculer le marché en renforçant les capacités de raisonnement et de production de réponses inédites à des questions complexes, techniques notamment.

Les utilisateurs qui attendaient une IA neutre et factuelle découvrent un assistant numérique qui n’hésite pas à afficher une couleur idéologique et des réponses calibrées selon les vues d’Elon Musk.

Ce choix divise : certains apprécient la transparence et l’originalité, d’autres s’inquiètent d’une possible manipulation de l’opinion. D’autres acteurs suivront-ils l’exemple de xAI en assumant une IA « personnalisée » ? Ou la demande pour des intelligences artificielles strictement objectives restera-t-elle forte ? 

Vers une nouvelle ère de l’intelligence artificielle ?

Grok 4 ouvre la voie à une nouvelle génération d’assistants numériques, capables d’assumer une subjectivité revendiquée. Cette orientation soulève de nombreuses questions éthiques et pratiques. Faut-il s’attendre à voir émerger des IA « à la carte », chacune reflétant les valeurs ou les opinions de son créateur ? Ou la neutralité restera-t-elle la norme attendue par le grand public ?

A vouloir empêcher l'IA de devenir "trop woke", Elon Musk préfère lui donner comme références ses propres opinions. Mais les dérapages observés juste avant le lancement de Grok 4, avec l'émergence de propos antisémites et d'une dénomination "MechaHitler" auto-proclamée, posent question sur les limites d'une IA misant sur la liberté d'expression.