Assemblee_nationale Le texte du projet de loi relatif à la protection pénale de la propriété littéraire et artistique sur Internet a été adopté mardi par l'Assemblée nationale. Le scrutin a été assez serré avec 285 voix pour et 225 contre. Pour l'un des rares opposants UMP à ce texte, Lionel Tardy, ce vote solennel " n'est pas glorieux " et " le signe évident que ce texte passe toujours aussi mal ".

Encore plus esseulé dans son camp, l'ancien ministre socialiste de la Culture, Jack Lang, s'est prononcé pour le texte ( deux socialistes ont voté pour le texte ). Invité de Patrick Simonin pour TV5 Monde, Jack Lang a indiqué avoir voté " avec conviction " pour une " loi qui s'oppose au pillage et au piratage des œuvres de l'esprit ". Il a fait part de son incompréhension vis-à-vis de l'opposition de son parti à ce texte.

Lors des explications de vote, le député PS Patrick Bloche a expliqué la position de son parti et a dénoncé une " justice expéditive " avec des " droits à la défense réduits et des infractions contestables ", faisant référence au recours au juge unique et à la procédure de l'ordonnance pénale ( sans présence du prévenu ) pour traiter les cas de téléchargement illégal répété ( après deux avertissements ). L'une des sanctions pourra être la coupure de l'accès à Internet, y compris pour négligence caractérisée, le titulaire de l'abonnement n'étant alors pas l'auteur du téléchargement illégal.

" Vous violez le principe selon lequel nul ne peut être puni que de son propre fait ", a indiqué Patrick Bloche, avant de réaffirmer que " le moment venu ", un recours devant le Conseil constitutionnel va être déposé. Les sages avaient censuré Hadopi première mouture où la notion de juge était absente, alors que l'accès à Internet a été reconnu comme une liberté d'expression à laquelle ne pouvait porter atteinte une simple autorité administrative ( l'Hadopi ).

Le texte doit encore être toiletté par une commission mixte paritaire avant le vote du Parlement le 22 septembre prochain. Pour l'association La Quadrature du Net, c'est une formalité, et il appartiendra au Conseil constitutionnel de trancher.

" L'extension des ordonnances pénales au délit de contrefaçon, sur la base de semblants de preuves collectés par des polices privées qui ne permettent pas d'établir la matérialité des faits, constitue une évolution extrêmement grave. Si elle n'est pas censurée par le Conseil constitutionnel, la loi Hadopi 2 marquera d'une pierre noire la dérive de nos procédures pénales vers la répression automatique de masse. L'arbitraire sera total entre, d'une part, l'application d'une procédure pour contrefaçon attentatoire aux droits de la défense et, d'autre part, des sanctions contraventionnelles pour un délit de négligence caractérisée défini sur mesure. Ce dispositif est d'une disproportion inouïe : il permet d'appliquer dans un cadre contraventionnel une sanction de suspension de la connexion Internet dont le Conseil constitutionnel a jugé qu'elle était privative de l'exercice de droits fondamentaux "

, a écrit Philippe Aigrain, co-fondateur de La Quadrature du Net.