Hadopi-nouveau-logo Évaluer les effets de la loi Hadopi peut paraître pour l'heure anachronique. Certes la loi pour lutter contre le téléchargement illégal a été votée, mais elle n'est pas encore entré en vigueur et les premiers e-mails d'avertissement ne sont pas attendus avant le printemps, voire début de l'été 2010.

Il n'empêche que les industries culturelles ont déjà salué les effets pré-Hadopi. Le vote de la loi aurait déjà installé un certain climat psychologique faisant que le téléchargement musical notamment souffrirait moins du piratage. La peur anticipée du gendarme. Ce n'est pas forcément ce qui ressort d'une étude réalisée par des chercheurs de l'université de Rennes 1.

Intitulée " première évaluation de la loi Hadopi sur les pratiques des internautes français ", cette étude a été menée entre le 16 novembre et le 23 décembre 2009 auprès de 2 000 individus, qui en l'occurrence sont représentatifs de la population de la région Bretagne. Une étude dès lors régionale mais il n'est pas interdit de penser que sa portée peut tout aussi bien être nationale.

L'étude met la loi Hadopi face à ses limites : une loi taillée pour le P2P comme vient d'ailleurs de le confirmer la récente publication d'un décret. " La mise en place d'une autorité administrative ciblant l'usage des réseaux Peer-to-Peer semble avoir eu surtout pour effet de modifier les techniques de piratage avec une utilisation croissante de pratiques qui contournent les dispositions de la loi Hadopi ", peut-on lire.

Seulement 15 % des internautes qui utilisaient les réseaux P2P pour du téléchargement illégal ont déclaré y avoir renoncé. Parmi eux, un tiers a complètement tourné le dos au téléchargement illégal, soit 5 % de " repentis ". Mais les deux tiers restants ont adopté des pratiques échappant au contrôle d'Hadopi. Des pratiques alternatives avec le streaming illégal qui semble avoir particulièrement la cote ou le téléchargement direct sur des sites d'hébergement ( Megaupload, Rapidshare ).

D'après l'étude : " bien que  le nombre d'internautes fréquentant les réseaux Peer-to-Peer ait diminué, le nombre de pirates numériques a légèrement augmenté depuis le vote de la loi Hadopi ". Par ailleurs, si l'on se fie aux déclarations des personnes interrogées, 14 % des consommateurs de vidéo et de musique sur Internet échangent des fichiers via P2P. Ce sont ces 14 % qui sont susceptibles de tomber sous le coup de la loi, alors que 16 % y échappent pour le moment ( 70 % disent rester dans la totale légalité ).

On soulignera aussi une conclusion de cette étude voulant que les pirates numériques sont dans la moitié des cas des acheteurs. À méditer :

" Couper la connexion Internet des utilisateurs de réseau Peer-to-Peer pourrait potentiellement réduire la taille du marché des contenus culturels  numériques de 27 %. Une extension de la loi Hadopi à toutes les formes de piratage numérique exclurait du marché potentiellement la moitié des acheteurs de contenus culturels numériques. "