La personne qui était à l'origine de ces indiscrétions avait finalement été démasquée. Il s'agirait de George Keyworth, membre du conseil d'administration évincé depuis. Comme nous l'indiquions dans une autre actualité à ce propos, la personne à l'initiative de cette enquête, Patricia Dunn, 53 ans, alors à la tête du conseil d'administration de HP, avait annoncé qu'elle quitterait son poste. Sauf qu'elle l'a fait plus tôt que prévu. Sera-t-elle toutefois la seule tête à tomber dans cette histoire '
Le PDG du groupe également sur la sellette
Mark Hurd, PDG du groupe Hewlett-Packard, pourrait plonger à son tour. En effet, dans son édition de jeudi, le Washington Post a publié le contenu d'un courrier électronique datant du 23 février dernier et mettant en cause Mark Hurd. Il aurait été au courant de l'enquête.
Ce jeudi, Mark Hurd déclarait : " Ce qui était au départ un effort pour empêcher la fuite d'informations confidentielles du conseil d'administration de HP a pris des directions qui n'étaient pas prévues. HP s'efforce de déterminer exactement ce qui s'est passé et quand. ".
Ce qu'en pense James Post, professeur à l'université de Boston spécialisé dans la gouvernance des entreprises : " La crédibilité qu'il s'est forgée auprès du conseil d'administration et de la communauté des investisseurs va s'évaporer plus vite que vous ne le pensez face à ces pratiques contraires à l'éthique. "
Ajoutant : " Le conseil d'administration demeure l'entité qui doit agir pour lancer les mesures correctives. Ce sont eux qui sont responsables devant les actionnaires. "
Deborah Rhode, professeur de droit à l'université de Stanford, indique : " Ce n'est pas Enron, ce n'est pas pour de l'argent. Il s'agit d'extraordinaires erreurs de jugement."
Ajoutant : " Il est évident que le groupe traverse une zone de turbulences. Ce qui a commencé comme une simple enquête qui part de travers est aujourd'hui sanctionné bien plus en amont de la chaîne de commandement. "
Ce jeudi, Bart Stupak, député démocrate membre de la Commission de l'énergie et du commerce à la Chambre des Représentants, a demandé que Mark Hurd soit auditionné au Congrès dans le courant de la semaine prochaine.
Ryan Donovan, porte-parole de Hewlett-Packard déclarait à la presse : " Mark souhaite être aussi transparent que possible, il compte présenter publiquement ses excuses et discuter des moyens de garantir que ces événements ne se reproduiront pas. "
Ainsi, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue vendredi soir, Mark Hurd présentait ses plates excuses : " Au nom de Hewlett-Packard, j'exprime de sincères excuses aux journalistes concernés et à toutes les personnes qui ont pu être affectées. Nous pensons que ce sont des cas isolés qui ne reflètent pas notre manière d'agir à Hewlett-Packard. "
Ejectée sur le champ
Vendredi, dans son communique, le conseil indiquait : " Pour aller de l'avant, nous estimons qu'il est de l'intérêt de la société qu'elle ( ndlr : Patricia Dunn ) s'efface, compte tenu de la perturbation que sa présence à notre conseil continuer de créer. "
A aussi été annoncé, en remplacement de George Keyworth au conseil d'administration, la nomination de Richard Hackborn.
La bourse suit le mouvement
Toutes ses annonces successives dans la presse ont un impact à la bourse. Le titre du groupe américain a clôturé à 35.02 dollars, après avoir reculé de 5,2 % ce vendredi, pour atteindre 34,87 dollars, soit son plus bas niveau au cours de ces deux dernières années.
Shaw Wu, analyste à l'American Technology Research : " Avant, les investisseurs ne se sentaient pas vraiment concernés, maintenant c'est différent. "
En revanche, suite à l'annonce de la démission immédiate de Patricia Dunn, après avoir gagné 1 % vendredi soir, le titre Hewlett-Packard a fini à + 0,69 % pour terminer à 35,11 dollars.
Pour l'heure, deux enquêtes ont été ouvertes respectivement par la justice californienne et la justice fédérale. L'affaire semble donc bien loin d'être terminée.