Encore loin de refléter ce que sera la situation à la fin de l'année 2006, les chiffres mondiaux de ventes de PC laissent apparaître que Hewlett-Packard serait à fin septembre passé devant son arch-rival, le Texan Dell Computer. Le tout pour à peine 110.000 exemplaires vendus. Une goutte d'eau dans un océan de profits '


Quantité négligeable '
Et encore, lorsqu'on parle de ces 110.000 PC, faudrait-il souligner que les chiffres varient d'un institut de recherche à un autre, puisque si Gartner avance ce nombre, son concurrent IDC fait état d'une différence de seulement 28.000 machines entre les chiffres de ventes de Dell et ceux de HP sur les trois premiers trimestres de 2006. Au delà de la querelle sur les chiffres, il faut souligner la bonne santé globale d'un marché que l'on disait moribond il y a encore quelques mois, et le rebond tant attendu de Hewlett-Packard, pas épargné par les affaires, ces derniers temps. Les chiffres de ventes du dernier trimestre 2006 seront à n'en pas douter édifiants, puisqu'ils intégreront les conséquences du scandale des interceptions de courriers électroniques dont le fabricant californien est accusé.


A couteau tiré
Dans les détails, Dell voit ses ventes augmenter de seulement 3,6% sur la période de référence, et ses parts de marché chuter de 16,5% à 16,1%, par rapport aux trois premiers trimestres 2005. Selon les experts, Dell compterait trop sur le marché des entreprises, aux Etats-Unis, qui affiche un fléchissement sensible depuis plusieurs mois. "Nous sommes dans le creux d'un cycle de renouvellement", fait remarquer un chercheur chez IDC. "Les grands comptes achètent moins de PC, et l'arrivée prochaine de Windows Vista brouille certainement un peu les cartes : certains consommateurs, professionnels ou particuliers, attendent la sortie de la version finale de Vista pour renouveler leur matériel." On sait que c'est pour bientôt, mais les premiers effets d'un éventuel coup de fouet ne se feront sentir que dans le courant du premier trimestre 2007. D'ici là, il faudra serrer les dents...

Pendant ce temps, HP caracole en tête pour la première fois depuis trois ans. Une longue (et relative) traversée du désert pour celui qui fut durant plusieurs années le premier fabricant mondial de PC, qui a vu sur les neuf premiers mois de l'année 2006 ses ventes augmenter de 15,4%, et sa part de marché passer de 15,1% (janvier à septembre 2005) à 16,3% (en septembre dernier). Les chiffres de croissance sur le troisième trimestre 2006 sont eux aussi un peu contradictoires d'une source à l'autre, mais le consensus demeure quant au fait que la croissance est faible sur l'ensemble du marché américain, tous biens électroniques confondus, alors que les PC tirent plutôt bien leur épingle du jeu : Gartner prévoit une augmentation des ventes sur le territoire américain de l'ordre de 6,7%, et IDC va même jusqu'à envisager une hausse de 7,9%. De là à dire que l'informatique tire le pays vers le haut, il n'y a qu'un pas, que nous nous garderons bien de franchir...


Enthousiasme et déceptions
Dell n'est pas le seul touché par ce ralentissement : Gateway, numéro trois américain sur ce marché, connaît une quasi-stagnation sur notre période de référence, à des volumes qui plus est bien inférieurs à ceux des numéros un et deux, américains et mondiaux. Les raisons à cette semi-déconfiture sont multiples : Dell a subi ces derniers mois une forte pression de la part des marchés financiers afin de restaurer sa rentabilité, et de distribuer davantage de dividendes à ses actionnaires ; il s'est en outre un peu dispersé, a exploré de nouveaux marchés, sans grand succès jusqu'à présent, et doit retrouver un équilibre entre grands volumes et profitabilité, tout en améliorant son image auprès du public en terme de qualité de service. Seul hic : Dell connait une croissance bien inférieure à celle du marché, ce qui n'encourage guère les experts à l'optimisme.

Sauf en ce qui concerne Apple, dont le chiffre d'affaires a cru de 31% depuis un an, avec une part de marché aux Etats-Unis désormais fixée aux alentours de 6,1%. Ce qui fait dire aux mêmes spécialistes que la firme de Cupertino a bien digéré la transition des processeurs PowerPC aux puces Intel.