La firme Hopium parviendra-t-elle au bout de ses projets dans le domaine de l'hydrogène ? En octobre 2022, elle présentait en grande pompe son concept Machina Vision, un véhicule haut de gamme doté d'un moteur électrique alimenté par une pile à combustible à hydrogène promettant une autonomie proche des 1000 kilomètres et des fonctionnalités avancées.

La filière tenait-elle son véhicule emblématique pour vanter les mérites de cette source d'énergie prometteuse, d'abord pour le transport lourd puis éventuellement pour les véhicules particuliers ?

L'optimisme était de mise avec l'annonce d'un accord avec Crédit Agricole prévoyant la production de 10 000 exemplaires, soit un revenu potentiel de plus de 1 milliard d'euros pour un véhicule attendu aux alentours de 120 000 euros.

La pile à combustible, le coeur du réacteur hydrogène

Dès le début de l'année, les difficultés n'ont pas tarder à pointer. La hausse des coûts des matières premières, les difficultés d'approvisionnement en composants électroniques et le contexte économique moins favorable ont été avancés pour expliquer un revirement concernant ses projets.

Hopium Machina Vision 02

Hopium a donc fait le choix de se concentrer sur son coeur de technologie, c'est à dire la pile à combustible hydrogène, renvoyant le projet de la Machina Vision à un calendrier plus lointain, sinon plus incertain.

Deux entités vont être créées : Hopium Technologies pour le développement et la commercialisation de la pile à combustible à hydrogène et Hopium Automotive pour la conception de véhicules à hydrogène. De quoi anticiper une scission si nécessaire ?

La publication du bilan financier pour l'année 2022 confirme une situation plus compliquée pour l'entreprise qui affiche une perte de 23,8 millions d'euros, contre 8 millions d'euros un an plus tôt, sans pouvoir encore générer de revenus.

Trop en avance sur le marché ?

Surtout, la trésorerie est en berne et Hopium doit trouver de nouveaux financements d'ici le mois d'août 2023 pour ne pas être asphyxiée financièrement. Elle a déjà taillé dans les effectifs et réduit la voilure de ses opérations, sachant que la Machina Vision ne doit être produite qu'à partir de 2025...et peut-être encore plus tard au vu de la situation de l'entreprise.

Outre la quête d'investisseurs, c'est donc avec la commercialisation des piles à hydrogène que Hopium compte générer ses premiers revenus à partir de 2025. Mais tout dépendra de l'intérêt et de la traction du marché en faveur de l'hydrogène.

L'Union européenne prévoit bien de faire installer des bornes de charge selon un maillage resserré mais presque tout reste à faire, de la production à la distribution. Et pour le moment, c'est plutôt du côté des transports aérien et maritime que les intentions sont les plus fortes concernant l'utilisation de l'hydrogène.

Il faudra sans doute encore quelques années avant d'espérer voir se démocratiser cette filière dans l'automobile. La fin des motorisations thermiques pour 2035 dans les voitures particulières et utilitaires légers et pour 2040 chez les poids lourds laisse espérer l'émergence d'opportunités.