Au cœur de la bataille mondiale de l’intelligence artificielle, Huawei entend bouleverser la donne, maintenant que Nvidia est mis hors jeu en Chine. L’annonce phare de l’entreprise lors de l'événement Huawei Connect 2025 vient secouer la prééminence de Nvidia : un système IA inédit sera lancée dès le quatrième trimestre 2025.
Alors que le géant chinois dévoile une feuille de route ambitieuse, la compétition entre fabricants de puces pour l’intelligence artificielle s’annonce plus que jamais intense.
Huawei Connect 2025 : le choc des titans annoncé
L'événement Huawei Connect 2025 est sans doute historique en levant le voile sur les ambitions IA de la firme : Eric Xu, président tournant du groupe, a présenté la stratégie de Huawei pour les années à venir dans un contexte débarrassé de Huawei et avec une mise en avant de ses propres puces IA, sur lesquelles la firme avait été très discrète ces derniers temps.
La nouveauté la plus remarquée ? Le supernoeud IA basé sur la prochaine génération de puces Ascend. Baptisé Atlas 950, ce supercalculateur sera capable d’exploiter jusqu’à 8192 puces Ascend 950, avec une montée en puissance prévue jusqu’à 15488 modules sur la version future Atlas 960. Et l'ambition est assumée : Huawei assure pouvoir battre le modèle NVL576 de Nvidia, attendu seulement en 2027.
« Sur un seul chip, nous avons encore du retard sur Nvidia. Mais nos investissements dans l’interconnectivité permettent de bâtir les super nodes les plus puissants du monde. » résume la stratégie de Huawei.
Une feuille de route technologique ambitieuse
En parallèle, Huawei a révélé le calendrier complet de ses prochains processeurs IA Ascend. L’Ascend 950 inaugurera cette nouvelle offensive dès 2026, suivi de l’Ascend 960 prévu pour la fin 2027 et de l’Ascend 970 attendu en 2028.
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Ces nouvelles puces, fabriquées en Chine, intégreront une mémoire maison à haute bande passante (HiBL 1.0, puis HiZQ 2.0), clé d’une performance IA compétitive et réponse à l'arrivée de la HBM 4 en Occident.
À la différence des générations précédentes, ces processeurs misent sur des formats de calcul variés (FP8, FP4) et une bande passante d’interconnexion colossale pouvant atteindre 2,2 à 4 TB/s.
À terme, la mémoire chinoise grimpera à 144 Go avec des débits jusqu’à 4 TB/s. Cette autonomie technologique, rendue indispensable par les restrictions d’accès aux composants étrangers, vise à soutenir la croissance rapide du marché chinois de l’IA.
Des superclusters conçus pour l’ère post-Nvidia ?
Face à l’interdiction des puces Nvidia par les autorités chinoises, Huawei précipite la mutation de son écosystème : le SuperPod permet de regrouper et d’interconnecter plus de 15000 puces IA made in China au sein d’un même supercluster.
Pour compenser une puissance brute encore inférieure à celle des leaders américains, le fabricant privilégie l’agrégation massive de ressources et la redondance des architectures.
Dès 2025, Huawei promet que son Atlas 950 dépassera ses concurrents « sur tous les principaux critères » de performances. Un pari technologique qui repose notamment sur une nouvelle interconnexion Lingqu, évolutive jusqu’à 500 000 cartes, et des clusters déployables à grande échelle grâce à une fabrication locale
Outre l’IA, le constructeur prévoit aussi une évolution de ses processeurs polyvalents Kunpeng en 2026 et 2028. Ce choix traduit la volonté de bâtir un écosystème numérique complet et souverain.
Enjeux géopolitiques et rivalités en toile de fond
Cet affrontement sur le marché des semi-conducteurs est aussi géopolitique. Alors que la Chine interdit l’usage de certaines cartes Nvidia, les annonces stratégiques de Huawei interviennent à la veille d’une rencontre politique sino-américaine très attendue pour l'avenir des échanges commerciaux entre les deux pays.
L’entreprise affiche ainsi son rôle moteur dans l’indépendance technologique nationale : « En doublant la puissance chaque année et en s’appuyant sur des cycles de lancement accélérés, Huawei entend réduire la dépendance de la Chine aux fournisseurs étrangers et renforcer la souveraineté numérique », affirme l'entreprise chinoise.
Huawei veut incarner une alternative crédible à Nvidia, en profitant de la demande explosive en solutions d’intelligence artificielle sur le marché chinois mais aussi partout sur la planète. La firme compte introduire une nouvelle ère de calcul distribué, dominé par des clusters géants, unifié autour de ses propres innovations.
Il reste à voir comment Nvidia, et plus largement les Etats-Unis, vont réagir à cette offensive chinoise dans l'intelligence artificielle, après avoir essayé de la ralentir par des mesures de restriction commerciales sur différents aspects.
Désormais sans leviers ni moyens de pression pour contenir la progression chinoise, la concurrence va se faire plus frontale, avec deux approches distinctes pour dominer le secteur de l'IA.