Alors que les infrastructures routières américaines s'équipent massivement de technologies alimentées par l'énergie solaire, une inquiétude majeure voit le jour autour de la sécurité de ces installations.
En effet, selon plusieurs alertes émises par le Département des Transports des États-Unis, des radios cachées non documentées ont été décelées au sein de dispositifs comme les onduleurs et les batteries alimentant les stations de recharge, les caméras de trafic ou les stations météorologiques. Ce phénomène soulève des questions cruciales quant à la sûreté des réseaux routiers désormais connectés et énergétiquement autonomes.
Une menace sourde dans les équipements solaires
Les radios clandestines ont été principalement identifiées dans certains onduleurs et systèmes de gestion de batteries (BMS) en provenance de fabricants étrangers, une majorité d’entre eux étant chinois.
Ces composants étrangers, insérés à l'intérieur des équipements photovoltaïques, pourraient permettre une communication non autorisée, ouvrant la porte à une manipulation à distance par des acteurs extérieurs.
Selon un rapport officiel de la Federal Highway Administration relevé par Reuters, ces radios non déclarées pourraient provoquer des pannes simultanées dans le réseau routier ou le vol discret de données sensibles.
Le chercheur Anomadarshi Barua, spécialiste des vulnérabilités des onduleurs, insiste sur le danger que représente une telle intrusion : "Cela pourrait créer beaucoup de dégâts" en désactivant des infrastructures essentielles ou en perturbant le fonctionnement des véhicules autonomes. Cette découverte constitue ainsi une alerte forte en matière de cybersécurité des infrastructures critiques.
Des équipements routiers ciblés
Les infrastructures concernées vont au-delà des bornes de recharge pour véhicules électriques. Le parc d’équipements touché comprend également les caméras de surveillance du trafic routier, les stations météorologiques installées en bordure des routes, les panneaux de signalisation alimentés en énergie solaire, ainsi que les centres de stockage et les zones dédiées aux visiteurs dans certaines zones autoroutières.
Ces dispositifs, par leur nature même, collectent et transmettent de nombreuses données opérationnelles et géolocalisées, ce qui accentue la portée du risque potentiel en cas de compromission.
Pour contrer ce phénomène, les autorités américaines recommandent fortement la mise en place d’une analyse spectrale afin de détecter les communications non réglementées et de procéder au retrait ou à la neutralisation des radios suspectes.
Le cloisonnement des réseaux est également avancé comme une solution pour limiter les effets d’une intrusion malveillante, en cloisonnant les différents systèmes connectés.
Une inquiétude politique et économique
Cette alerte s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu où la place de la technologie chinoise dans les infrastructures américaines est particulièrement scrutée.
Les États-Unis expriment des craintes sur des interférences possibles orchestrées à distance par Pékin, ce qui suscite une vigilance accrue autour des équipements importés. La mise en place récente de restrictions sur l’importation des véhicules chinois connectés vient renforcer cette politique de sécurité renforcée.
Du côté des autorités chinoises, la réaction ne s’est pas fait attendre : l’ambassade de Chine à Washington a condamné ces accusations, qu’elle qualifie de « distorsion et diffamation » concernant les avancées chinoises dans le domaine des infrastructures énergétiques. Cela illustre combien cette question est aussi un sujet de rivalité technologique entre les deux puissances.
Quels risques pour l’avenir des routes intelligentes ?
Au cœur de ce débat se trouve la montée en puissance des systèmes routiers intelligents et autonomes, qui dépendent de plus en plus de technologies connectées et d’énergie renouvelable.
L’émergence de ces systèmes de communication cachés montre que la sécurité des données et des réseaux doit désormais faire partie intégrante des stratégies d’implémentation de ces nouvelles infrastructures.
Le sabotage, le vol de données ou les pannes orchestrées sont des risques que les autorités américaines veulent anticiper pour éviter des perturbations majeures dans la circulation et la gestion des routes.
Cette situation rappelle la nécessité d’une surveillance renforcée et continue, ainsi que d’un contrôle rigoureux des équipements importés pour protéger des infrastructures critiques contre tout acte pouvant affecter la sécurité nationale ou l’efficacité des transports.