Une étude menée par l'Université de Yale révèle une absence de perturbation majeure sur le marché de l'emploi aux États-Unis depuis l'arrivée de ChatGPT...au moins pour le moment.
L'analyse suggère que les craintes de suppressions massives d'emplois par l'IA restent, à ce stade, spéculatives, les grandes transformations technologiques s'étalant historiquement sur des décennies.
Depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022, la crainte d'une vague de licenciements massifs alimente les conversations. Des figures de proue du secteur, comme les dirigeants d'Anthropic ou d'OpenAI, ont eux-mêmes évoqué des scénarios où des pans entiers de métiers de bureau pourraient être menacés, créant un climat d'anxiété généralisée.
Que disent vraiment les chiffres ?
Des économistes de l'université de Yale, en collaboration avec le Brookings Institute, ont décidé de confronter ces craintes à la réalité des données. Leur conclusion est sans appel : aucune "perturbation discernible" n'a été observée sur le marché du travail américain. L'analyse montre que les changements dans la composition des emplois, déjà en cours avant 2022, n'ont connu aucune accélération notable.
Ce rythme de transformation reste même qualifié de "lent" en comparaison des bouleversements des années 1940 et 1950. Même les secteurs jugés les plus vulnérables, comme le journalisme, la production de films ou les services aux entreprises tels que la comptabilité, montraient déjà des signes de mutation bien avant l'arrivée des IA génératives.
Un simple feu de paille ou un décalage temporel ?
Ce constat n'est pas surprenant pour les chercheurs. L'histoire économique enseigne que les grandes ruptures technologiques mettent du temps à infuser dans le tissu économique.
Les auteurs de l'étude rappellent que les ordinateurs ont mis près d'une décennie avant de se généraliser dans les bureaux, et encore plus de temps pour véritablement transformer les flux de travail.
L'inertie de la réalité économique impose un temps d'adoption et d'intégration bien plus long que ne le laissent penser les cycles médiatiques. Ce phénomène est corroboré par d'autres analyses, comme une étude de l'Organisation Internationale du Travail des Nations Unies qui concluait déjà en 2023 que l'IA ne remplacerait probablement pas la majorité des travailleurs.
Faut-il pour autant baisser la garde ?
L'étude n'écarte pas pour autant un impact futur de l'intelligence artificielle. Les chercheurs pointent une divergence intéressante dans des données récentes entre les jeunes diplômés et leurs aînés, qui pourrait être un signal faible de l'impact de l'IA sur les emplois de début de carrière. Cependant, cela pourrait aussi simplement refléter un ralentissement conjoncturel du marché.
Pour l'heure, l'image qui se dégage est celle d'une stabilité globale, loin de l'effondrement annoncé. La véritable question reste donc en suspens : assistons-nous à un simple répit avant la tempête, ou à une intégration plus progressive et moins brutale que prévu ?