L'exploration et l'occupation de la Lune n'a plus seulement une vocation scientifique. Ces activités s'inscrivent déjà dans un cadre d'exploitation future de ses ressources et de préparation à une aventure extraplanétaire de l'humanité.
Occuper la Lune sera aussi potentiellement l'occasion de s'approprier certaines zones plus riches que d'autres en matériaux stratégiques, comme l'Hélium-3 qui pourra servir de carburant pour les futurs réacteurs à fusion nucléaire.
Le pays qui parviendra à l'extraire à partir du régolithe aura sans doute un coup d'avance sur les autres. Les Etats-Unis s'inquiètent régulièrement de voir la Chine explorer tous les recoins de la Lune dans une logique de prospection et de potentiel accaparement des ressources.
Piocher l'Hélium-3 dans le régolithe
Les USA sont aussi engagés dans cette course et des entreprises privées envisagent déjà les méthodes d'extraction qui permettraient de récupérer l'hélium-3 à partir du régolithe.
La société Interlune prépare déjà les équipements qui sillonneront la surface lunaire pour traiter la poussière lunaire et signe les premiers contrats d'approvisionnement de ce qu'elle aura extrait.
Début mai, elle a présenté un premier prototype à taille réelle de son excavatrice lunaire capable de traiter jusqu'à 100 tonnes de régolithe par heure pour en obtenir l'hélium-3.
Le véhicule est pensé pour générer moins de poussière que les méthodes d'extraction plus traditionnelles, sachant que la poussière lunaire est très abrasive et éprouvante pour les machines.
L'hélium-3 est une ressource rare sur Terre mais censée être abondante sur la Lune et elle peut être utilisée dans différents domaines, fusion nucléaire mais aussi imagerie médicale, ordinateurs quantiques et dans des applications relatives à la sécurité nationale.
Les Etats-Unis en avaient fait une ressource prioritaire en 2010 après une pénurie et Interlune y voit donc une opportunité en prévoyant un approvisionnement gouvernemental aussi bien que privé.
Un modèle économique encore vaporeux
Interlune anticipe déjà la possibilité d'extraire d'autres ressources de la Lune. L'entreprise est soutenue par la NASA pour développer des techniques d'extraction et de séparation qui pourront être utilisées plus largement pour l'exploitation minière spatiale ultérieurement.
Interlune teste les principes des techniques d'extraction en pseudo-apesanteur
Car l'extraction n'est que la première étape du processus en plusieurs phases pour arriver à la ressource purifiée. Si la technique est potentiellement sur les rails, l'équation économique de traitement du régolithe et du retour de la production d'hélium-3 vers la Terre pose encore largement question, même en considérant les progrès techniques en matière de transport spatial.
Interlune indiquait en début d'année qu'il lui faudrait ramener l'équivalent de 10 Kg d'hélium-3 sur Terre annuellement pour arriver à l'équilibre financier mais tout l'écosystème reste encore à construire.