Si Donald Trump a déjà les yeux rivés sur Mars, ce qui pourrait avoir des conséquences sur les autres grandes missions spatiales, les préparatifs se poursuivent concernant l'installation de campements sur la Lune et à plus long terme l'exploitation de ses ressources.
Cette question motive d'ailleurs en bonne partie les efforts actuels. La NASA a plusieurs fois alerté sur les intentions cachées de la Chine qui, sous couvert d'exploration de nouveaux territoires lunaires, chercherait en fait à évaluer les ressources en Helium-3, un isotope de l'hélium rare et précieux puisqu'il pourrait être utilisé dans des technologies de pointe, de la fusion nucléaire aux ordinateurs quantiques.
L'agence spatiale américaine peut difficilement cacher le propre intérêt des Etats-Unis à accéder également à cette ressource et une entreprise, Interlune, explore les moyens d'y parvenir.
Toutefois, obtenir de l'Helium-3 en quantité suffisante à partir du régolithe lunaire ne sera pas une tâche aisée et nécessiterait de transformer des millions de tonnes de sol lunaire, ce qui semble difficilement réalisable, au moins à court ou moyen terme.
Interlune ne se décourage pas pour autant et envisage d'utiliser des machines d'extraction labourant la surface à la manière de tracteurs dans des champs sur Terre. L'entreprise reconnaît toutefois que son modèle économique est fragile avec un retour sur investissement très lointain.
Helium-3, une ressource précieuse à de multiples égards
La quantité d'Helium-3 accumulée dans le sol lunaire et infusée jusqu'à 3 mètres de profondeur depuis plusieurs milliards d'années reste une ressource de haute valeur stratégique.
A 20 millions de dollars le kilogramme, elle est un précieux élément pour des domaines sensibles comme l'informatique quantique, la supraconduction ou même la fusion nucléaire, un sujet qui monte progressivement dans les esprits face aux défis d'approvisionnement électrique à venir.
Un extracteur d'He-3 Interlune, futur laboureur du sol lunaire ?
Interlune estime qu'une production de 10 Kg d'Helium-3 ramenée annuellement de la Lune sur Terre pour ces industries serait le point d'équilibre de son modèle économique.
Et la firme saurait déjà où concentrer ses efforts d'extraction sur la Lune grâce aux données de l'orbiteur LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter), la ressource n'étant pas également répartie à sa surface.
Cependant, d'autres experts, interrogés par le site Space News, estiment que la disparité dans la répartition de l'Helium-3 risque d'amener à des déconvenues, avec à la clé le risque qu'il faudra peut-être traiter beaucoup plus de régolithe que prévu pour extraire l'élément, tout en notant que les estimations tendent à se rapprocher du rendement des mines de cuivre sur Terre. Compliqué mais pas insurmontable, surtout si cela crée un approvisionnement que peu d'autres nations pourront répliquer.
Premiers essais dès 2027
Interlune compte tester ses techniques d'extraction lors d'une mission spatiale prévue en 2027 qui permettra de préciser la quantité d'Helium-3 extractible et de mener une première opération pilote de traitement, puis en 2029 pour installer un site pilote qui permettrait de valider toutes les technologies nécessaires à une entreprise d'extraction de l'Helium-3.
Le principe du système d'extraction d'Helium-3 d'Interlune testé en micro-gravité
Cela pourrait se faire à l'aide des fameuses missions commerciales CLPS (Commercial Lunar Payload Services) qui ne nécessitent pas une supervision directe de la NASA.
A terme, les machines d'extraction pourraient être envoyées en une fois sur la Lune à l'aide d'un vaisseau spatial Starship de SpaceX. Interlune affirme également que le processus d'extraction proprement dit ne fera qu'aspirer le régolithe sur trois mètres de profondeur avant de le redéposer à la surface qui ressemblera alors à un champ labouré.
En espérant que les technologies de production d'Helium-3 sur Terre n'avancent pas trop vite au point de rendre tous ces efforts plus ou moins rapidement caducs.