Le piratage a toujours une longueur d'avance. Pendant que les autorités et les ayants droit comme Canal+ concentrent leurs efforts pour démanteler les réseaux IPTV, une nouvelle vague de piratage, plus agile et volatile, a déferlé sur des plateformes inattendues : TikTok et Instagram.
Pire encore, une méthode de niche, quasi indétectable et exploitant un outil de data science, vient d'être identifiée par des experts en cybersécurité. La guerre contre le streaming illégal de football entre dans une nouvelle ère, bien plus complexe.
Pourquoi l'IPTV n'est-il plus le roi du piratage ?
L'âge d'or de l'IPTV semble toucher à sa fin. Longtemps considérée comme la méthode reine pour accéder à des milliers de chaînes à bas prix, cette technologie est devenue la cible prioritaire des ayants droit et des régulateurs comme l'Arcom en France.
Les actions en justice se sont multipliées, entraînant des blocages d'adresses IP de plus en plus rapides et efficaces. Pour les utilisateurs, le service est devenu instable, et pour les revendeurs, les risques judiciaires et financiers sont devenus trop importants.
TikTok et Instagram sont-ils les nouveaux stades pirates ?
Face à la traque de l'IPTV, le piratage s'est déplacé là où personne ne l'attendait : sur les réseaux sociaux. Le phénomène est d'une simplicité déconcertante. Des utilisateurs, souvent cachés derrière des comptes anonymes et des VPN, lancent simplement une diffusion en direct de leur écran de télévision pendant un match. Ces flux sauvages sont ensuite partagés massivement, attirant des milliers de spectateurs en quelques minutes.
Pour les diffuseurs comme Canal+ ou beIN Sports, c'est un cauchemar. Contrairement à un serveur IPTV centralisé, il n'y a pas une seule cible à abattre, mais des centaines de streams éphémères qui apparaissent et disparaissent en permanence. Le temps de signaler un flux et de le faire couper, le match est souvent déjà terminé.
Quelle est cette nouvelle méthode de piratage ultra-discrète ?
En parallèle de ce phénomène de masse, une technique bien plus sophistiquée a été mise au jour par la société de sécurité Aqua. Des pirates, localisés en Algérie, ont commencé à détourner des "Jupyter Notebooks".
Il s'agit d'outils de programmation web, normalement utilisés par les scientifiques et les data analysts pour travailler sur du code et des données. En exploitant des instances mal sécurisées, les pirates les transforment en serveurs de streaming.
L'avantage de cette méthode est sa discrétion absolue. Comme ces outils ne sont absolument pas conçus pour la diffusion vidéo, ils passent complètement sous les radars des systèmes de détection actuels. Pour l'instant confinée à une région, cette technique pourrait rapidement se propager si la pression sur les autres méthodes de piratage continue de s'accentuer.