L'espace est un terrain impitoyable, et la Lune l'a rappelé une fois de plus à la compagnie japonaise ispace. Le 5 juin 2025, leur deuxième atterrisseur lunaire, Resilience, s'est écrasé lors de sa descente finale. Après des semaines d'analyse, ispace a levé le voile sur la cause de cet échec : un souci matériel avec le télémètre laser, un instrument essentiel pour connaître l'altitude précise. C'est un nouveau coup dur après le crash de leur première mission en 2023, mais l'entreprise insiste : elle apprend de ses erreurs et continue sa course audacieuse vers la Lune.
Qu'est-ce qui a causé ce nouvel échec ?
Au cœur du problème, on trouve le télémètre laser de Resilience. Cet instrument vital est censé fournir des données d'altitude dès que l'engin se trouve à au moins trois kilomètres au-dessus de la surface lunaire, déclenchant ainsi l'allumage des moteurs pour la phase finale d'atterrissage. Or, le 5 juin, cet appareil n'a délivré sa première mesure qu'à moins de 900 mètres d'altitude. À ce moment-là, l'atterrisseur filait à 66 mètres par seconde au lieu des 44 mètres par seconde prévus, une vitesse bien trop élevée. La dernière télémétrie, reçue à 192 mètres d'altitude, montrait une descente encore trop rapide à 42 mètres par seconde. L'enquête d'ispace a écarté les problèmes logiciels ou de propulsion, pointant plutôt une dégradation des performances du télémètre. Plusieurs facteurs sont envisagés pour expliquer cette défaillance : des conditions de surface lunaire inattendues réduisant la réflectivité du laser, une puissance laser plus faible, des performances réduites à des vitesses élevées, ou les effets de l'environnement spatial comme le vide et les radiations.
En quoi cet échec diffère-t-il du premier crash d'ispace ?
Il est crucial de comprendre que ce crash est différent de celui de 2023. Lors de la première mission Hakuto-R, l'échec provenait d'un problème logiciel : l'atterrisseur croyait être près de la surface alors qu'il était encore à cinq kilomètres d'altitude, épuisant son carburant en vol stationnaire avant de s'écraser. Sur Resilience, ce logiciel a parfaitement fonctionné, comme l'a confirmé Yoshitsugu Hitachi, vice-président exécutif du bureau d'ingénierie d'ispace au Japon. Cependant, Resilience utilisait un modèle de télémètre laser différent de celui de Hakuto-R, car le fournisseur ne fabriquait plus la version initiale. Cette différence est une leçon clé pour ispace, qui doit maintenant s'assurer de la fiabilité de chaque composant critique, peu importe sa provenance ou sa nouveauté, pour éviter que des failles matérielles isolées ne compromettent l'ensemble de la mission.
Quelles mesures ispace va-t-elle prendre pour la suite ?
Loin de se laisser abattre, ispace a déjà annoncé des actions concrètes pour éviter de futurs échecs. Ryo Ujiie, directeur technique d'ispace, a détaillé deux grandes étapes. Premièrement, un renforcement drastique du plan de test du télémètre laser et des capteurs associés. L'objectif est de simuler au mieux les conditions réelles de descente, notamment les vitesses élevées et la faible réflectivité de la surface lunaire, pour s'assurer de leur robustesse. Deuxièmement, l'entreprise envisage d'utiliser un autre modèle de télémètre laser, car celui de Resilience n'était pas "éprouvé en vol". Ils réfléchissent également à l'ajout de capteurs complémentaires, comme le lidar ou des caméras pour une navigation relative au terrain, afin d'augmenter la redondance et la précision. Ces efforts seront épaulés par un nouveau comité d'examen externe, incluant d'anciens ingénieurs de la NASA et de la JAXA, l'agence spatiale japonaise, pour garantir une fiabilité accrue de leurs systèmes d'atterrissage. Une approche multicouche pour la sécurité.
Quel avenir pour les missions lunaires privées ?
Malgré ces revers consécutifs, ispace ne fléchit pas. Le PDG Takeshi Hakamada l'a affirmé : "Nous prenons cela très au sérieux. Cependant, l'important est de continuer d'essayer. Il peut y avoir des échecs, mais nous continuons d'améliorer nos systèmes." Les prochaines missions, la Mission 3 (avec un atterrisseur ispace U.S. pour la NASA) et la Mission 4 (un atterrisseur japonais), sont maintenues pour 2027. Ces améliorations techniques devraient entraîner des coûts supplémentaires d'environ 1,5 milliard de yens (environ 10,3 millions de dollars). L'échec de Resilience survient alors que seule une entreprise privée, Firefly Aerospace, a réussi un atterrissage lunaire en douceur en mars 2025, avec son atterrisseur Blue Ghost. La course à la Lune reste donc un défi de taille pour les acteurs privés, mais ispace est déterminé à regagner la confiance de ses partenaires et à prouver sa résilience face à l'adversité, montrant que même les échecs font partie du chemin vers la réussite spatiale.
Plus de réponses :
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Quelle est la différence entre le premier et le second crash d'ispace ?
Le premier crash (Hakuto-R en 2023) a été causé par un problème logiciel, l'atterrisseur pensant être plus proche de la surface qu'il ne l'était. Le second crash (Resilience en 2025) est dû à un problème matériel du télémètre laser. -
Quelles sont les prochaines missions d'ispace ?
ispace maintient le calendrier de ses prochaines missions, avec la Mission 3 et la Mission 4 prévues pour 2027. La Mission 3 impliquera un atterrisseur construit par ispace U.S. pour une mission de la NASA. -
Est-ce que d'autres compagnies privées ont réussi un atterrissage lunaire ?
Oui, en mars 2025, Firefly Aerospace a réussi un atterrissage en douceur avec son atterrisseur Blue Ghost, marquant le seul succès total d'une entreprise privée à ce jour.