Lancée vendredi par une fusée Falcon 9 de SpaceX, la mission Crew-11 de la Nasa a transporté les quatre membres de l'expédition 73 vers la Station spatiale internationale.
Les Américains Zena Cardman et Mike Fincke, le Japonais Kimiya Yui et le Russe Oleg Platonov ont été accueillis samedi dans l'ISS. Pendant une courte période, le nombre de personnes à bord de l'ISS est porté à onze, avant que Crew-10 ne reviennent au bercail avec ses quatre occupants.
Des bactéries pathogènes en orbite
La Nasa indique que l'équipage de Crew-11 va mener des travaux de recherche scientifique pour préparer l'exploration humaine au-delà de l'orbite terrestre basse. Ils simuleront des alunissages, testeront des stratégies de protection de leur vision et étudieront aussi les effets de la microgravité sur la division des cellules végétales et les virus.
En partenariat avec le centre médical Sheba en Israël et la société américaine Space Tango, un équipement est destiné à étudier le comportement de plusieurs souches de bactéries. Parmi elles, des espèces responsables de la typhoïde, de la salmonellose et de E. coli.
L'objectif est de faire grandir ces bactéries en orbite, dans des conditions de microgravité, puis les stabiliser et les ramener sur Terre. En parallèle, des échantillons identiques sont cultivés au centre médical Sheba.
La comparaison entre les deux groupes de bactéries permettra de comprendre comment l'environnement spatial modifie leur expression génétique, notamment en ce qui concerne leur virulence et leur résistance aux antibiotiques.
Des résultats pour les astronautes et la Terre
Le laboratoire ARC Space Lab de Sheba a déjà mené une première mission en 2021 qui avait montré que la microgravité pouvait réduire la capacité des bactéries à développer une résistance aux antibiotiques.
Les conclusions de l'étude pourraient avoir des retombées majeures. Pour les astronautes, plus vulnérables aux infections en raison du stress, des radiations et des changements de gravité, il est crucial de comprendre les risques liés aux maladies en orbite.
L'application concerne également notre quotidien sur Terre. Face à la menace grandissante des superbactéries qui résistent aux traitements, ces recherches pourraient offrir des pistes inattendues. L'idée est d'apprendre comment ces organismes fonctionnent dans des conditions extrêmes pour mieux les combattre.
« Cette expérience nous permettra, pour la première fois, de cartographier systématiquement et moléculairement l'évolution du profil d'expression génétique de plusieurs bactéries pathogènes dans l'espace », explique le professeur Ohad Gal-Mor, chef du laboratoire de recherche sur les maladies infectieuses de Sheba.