Face à l'omniprésence des écrans, une municipalité japonaise a décidé de prendre une mesure aussi symbolique qu'inédite. La ville de Toyoake, située dans la préfecture d'Aichi, a voté une ordonnance qui entrera en vigueur le 1er octobre, recommandant à ses 70 000 habitants de ne pas dépasser deux heures de temps d'écran récréatif par jour.
Une initiative qui, bien que non contraignante, marque une prise de conscience politique forte des enjeux de santé publique liés à notre vie numérique.
Comment cette limitation fonctionne-t-elle concrètement ?
L'approche de Toyoake se veut plus incitative que punitive. Il ne s'agit pas d'une interdiction formelle, mais d'une "proposition douce" pour encourager les citoyens à réfléchir à leurs habitudes. L'ordonnance ne prévoit aucune pénalité en cas de non-respect et exclut explicitement le temps d'écran lié au travail ou aux études.
Pour les plus jeunes, des recommandations plus spécifiques sont ajoutées : pas de smartphone après 21h pour les élèves du primaire, et 22h pour les collégiens et lycéens. Le maire, Masafumi Kouki, insiste sur le fait que la ville ne cherche pas à "s'immiscer dans les affaires familiales", mais plutôt à ouvrir le dialogue sur un sujet de société devenu majeur.
Pourquoi considère-t-on qu'une telle action est indispensable ?
Cette mesure répond à une préoccupation croissante liée aux conséquences de l'hyperconnexion. Plusieurs raisons sont avancées par les responsables municipaux pour soutenir leur initiative, qui se rapporte directement à la santé publique :
- La bataille contre le déficit de sommeil : L'exposition aux écrans, en particulier durant les heures tardives, est directement associée à des problèmes de sommeil, ce qui peut nuire au développement cognitif et psychologique des enfants et adolescents.
- La prévention contre la dépendance : Le but de cette directive est d'empêcher l'usage excessif des appareils numériques, un comportement qui peut conduire à l'isolement et à l'anxiété.
- L'amélioration des relations familiales : La ville espère promouvoir des moments sans écran pour encourager les échanges et dialogues familiaux.
L'objectif pour les responsables politiques est d'établir un cadre permettant aux familles de « réévaluer leur style de vie et l'éducation de leurs enfants ».
Cette initiative peut-elle vraiment changer les comportements ?
C'est toute la question. Sans mécanisme de contrôle ni sanction, l'efficacité de cette ordonnance reposera entièrement sur la bonne volonté des habitants. Les critiques soulignent qu'une telle règle relève de la discipline familiale et non de la loi municipale. Cependant, cette initiative a le mérite de placer le sujet du bien-être numérique au cœur du débat public.
En faisant de cette recommandation un acte politique, la ville de Toyoake crée un précédent au Japon. Si les enquêtes de suivi montrent des résultats positifs sur la santé et le sommeil des habitants, ce modèle de "nudge" (incitation douce) pourrait inspirer d'autres municipalités, voire des politiques nationales, dans un monde qui cherche encore comment cohabiter sainement avec ses écrans.
Foire Aux Questions (FAQ)
Y a-t-il des sanctions si on ne respecte pas la limite des deux heures ?
Non, absolument aucune. L'ordonnance a une valeur de recommandation et n'est pas contraignante. Il n'y a ni amende, ni aucune autre forme de pénalité prévue pour les personnes qui dépasseraient ce temps d'écran conseillé. L'objectif est d'inciter à la réflexion, pas de punir.
Le temps d'écran pour le travail ou l'école est-il compté ?
Non, la limite des deux heures concerne exclusivement le temps d'écran à des fins récréatives (jeux, réseaux sociaux, streaming vidéo...). L'utilisation d'un ordinateur, d'une tablette ou d'un smartphone pour des raisons professionnelles, scolaires ou pour des tâches ménagères n'est pas incluse dans ce décompte.
Cette mesure est-elle une première dans le monde ?
Au Japon, c'est une première pour une municipalité. Si d'autres pays ont mis en place des règles dans les écoles, comme en Angleterre, ou des campagnes de sensibilisation, l'instauration d'une recommandation chiffrée applicable à l'ensemble des citoyens d'une ville est une approche très novatrice.