Le fondateur et ex-CEO d'Amazon Jeff Bezos propose de construire des data centers à l'échelle du gigawatt en orbite d'ici 10 à 20 ans. Alimentés par une énergie solaire ininterrompue, ils pourraient surpasser leurs équivalents terrestres et répondre à l'explosion des besoins de l'IA. 

L'intelligence artificielle et le cloud computing connaissent une croissance fulgurante mais cette expansion a un coût énergétique et environnemental colossal. Partout sur la planète, les datacenters, véritables poumons de notre économie numérique, exercent une pression grandissante sur les réseaux électriques et les ressources en eau, posant un défi majeur pour l'avenir.

Une solution radicale venue d'en haut ?

C'est dans ce contexte tendu que Jeff Bezos, ex-figure d'Amazon, a exposé une vision pour le moins audacieuse lors de l'événement Italian Tech Week. D'ici une à deux décennies, il prédit l'avènement de datacenters gigawatt construits directement dans l'espace.

Le projet ASCEND de datacenter spatial européen

Le concept repose sur un avantage simple mais décisif : l'accès à une énergie solaire constante, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sans l'intermittence des nuages ou des intempéries. Selon lui, cette source d'énergie inépuisable permettra à terme de battre les coûts des infrastructures terrestres.

L'orbite, nouvelle terre d'accueil industrielle ?

Cette proposition n'est pas un simple feu de paille et elle est même envisagée par d'autres entités, dont l'Europe. Pour Jeff Bezos, il s'agit de la prochaine étape logique dans l'utilisation de l'espace pour améliorer la vie sur Terre, après les satellites de communication et de météorologie.

Le concept de Thales Alenia Space pour le projet ASCEND

Cette idée gagne du terrain auprès d'autres géants de la tech, tous confrontés à la dure réalité économique de la gestion de leurs infrastructures. Le marché mondial des data centers hyperscale, qui devrait dépasser les 60 milliards de dollars en 2024, cherche désespérément de nouvelles voies de croissance durable.

Entre vision futuriste et obstacles colossaux

Cependant, la route vers les étoiles est semée d'embûches. La maintenance d'infrastructures aussi complexes en orbite relève du casse-tête, les possibilités de mise à niveau sont limitées et le coût des lancements reste prohibitif (d'où l'effervescence mondiale autour des lanceurs réutilisables, dans la foulée de SpaceX), sans parler du risque d'échec.

Malgré ces défis, la promesse est immense : réduire drastiquement l'empreinte au sol, la consommation d'eau et les émissions de l'industrie technologique. La viabilité de ce projet dépendra d'avancées majeures et d'une chute drastique des coûts de lancement, deux variables qui détermineront si cette vision audacieuse restera un simple rêve ou deviendra la nouvelle norme de notre ère numérique.