Le scandale des contenus pour adultes qui a secoué Vinted s'étend désormais à d'autres géants du e-commerce. Leboncoin et Etsy sont au cœur d'une nouvelle polémique après la diffusion d'un reportage télévisé. L'enquête met en lumière des pratiques de détournement où des annonces en apparence anodines servent en réalité de passerelles vers la vente de contenus sexuellement explicites. Face à l’ampleur du phénomène, le gouvernement a décidé de passer à l'action pour protéger les plus jeunes.

Comment des annonces classiques dissimulent-elles un marché pour adultes ?

Les méthodes employées par les vendeurs sont aussi simples qu'efficaces. Sur Leboncoin, des annonces pour des vêtements, comme des robes, sont publiées avec des photos suggestives et des descriptions aguicheuses. Elles sont en réalité une invitation déguisée à acheter des contenus explicites, avec un paiement parfois proposé directement via la plateforme.

Sur Etsy, le problème prend une tournure encore plus inquiétante. Le reportage a mis en évidence des annonces proposant des images de jeunes filles nues générées par intelligence artificielle. Ces contenus, qui peuvent être qualifiés de pornographiques, voire pédopornographiques, sont utilisés pour attirer des clients. Dans la majorité des cas, les internautes sont ensuite redirigés vers des messageries privées ou des plateformes spécialisées comme OnlyFans ou Mym pour finaliser la transaction et accéder aux vidéos ou photos.

Quelle est la réaction des autorités face à ce phénomène ?

L'inaction n'est plus une option pour le gouvernement. Sarah El Haïry, la Haute-commissaire à l’Enfance, a rapidement réagi en annonçant qu'elle allait saisir l’Arcom, le régulateur du numérique. C'est la deuxième fois en peu de temps que cette autorité est sollicitée sur ce sujet, après avoir déjà été alertée pour le cas de Vinted.

L'entourage de la Haute-commissaire a été très clair sur la responsabilité des plateformes. « Les plateformes ne peuvent pas fermer les yeux quand des annonces permettent, contre paiement, d’accéder à des contenus pornographiques », a-t-il été indiqué. Le message se veut sans équivoque : « Dès lors qu'un risque de mise en contact entre mineurs et pornographie existe, l'alerte doit être immédiate, la réaction doit être totale ».

Quelles sont les obligations légales des plateformes et les risques encourus ?

Le cadre légal français est pourtant strict. Depuis 2024, une loi impose à tous les sites hébergeant des contenus pornographiques de mettre en place un système de vérification d'âge efficace. En ne contrôlant pas l'identité et l'âge de leurs visiteurs, Leboncoin et Etsy se retrouvent de fait en infraction, car des mineurs peuvent facilement être exposés à ces annonces et aux contenus qu'elles promeuvent.

L'intervention de l'Arcom pourrait avoir des conséquences sérieuses. Le régulateur a le pouvoir d'imposer des sanctions, qui peuvent aller jusqu'au blocage pur et simple des sites sur le territoire français. Cette situation s'inscrit également dans un contexte européen plus large avec le Digital Services Act (DSA), qui vise à responsabiliser davantage les grandes plateformes numériques. Pour Vinted, dont le siège est en Lituanie, l'Arcom a d'ailleurs déjà contacté son homologue lituanien pour assurer le suivi et l'application des règles européennes.