Après une semaine de silence radio, la confirmation est tombée. Dans un document officiel déposé le 14 novembre 2025 auprès des autorités financières américaines, le fabricant suisse Logitech a mis fin aux spéculations. Il a bien été la cible d'une cyberattaque avec exfiltration de données, comme le revendiquait le redoutable gang de cybercriminels Clop.

Quel est le véritable impact de cette fuite de données ?

Face à la crise, Logitech se veut rassurant. La communication officielle, via un formulaire 8-K déposé à la SEC (Securities and Exchange Commission, l’autorité américaine de régulation des marchés financiers), insiste sur le fait que l'incident n'a eu « aucune conséquence sur les produits Logitech, ni sur ses opérations commerciales ou sa chaîne de production ».

Les données volées seraient donc « limitées » et concerneraient principalement des informations sur certains employés, des clients et des fournisseurs.

L'entreprise affirme qu'aucune information personnelle critique, comme des numéros d'identification nationaux ou des données de cartes bancaires, n'a été compromise. La raison invoquée est simple : ces éléments n'étaient pas stockés sur les systèmes affectés. Cette communication vise clairement à contenir le risque réputationnel et à calmer les inquiétudes des actionnaires.

Comment les pirates ont-ils réussi à pénétrer les systèmes ?

L'intrusion n'est pas le fruit d'une faille directe dans l'infrastructure de Logitech, mais illustre une fois de plus les dangers de la chaîne d'approvisionnement logicielle. Les attaquants ont exploité une vulnérabilité "zero-day", une faille de sécurité jusqu'alors inconnue du fournisseur du logiciel concerné.

Bien que Logitech ne nomme pas directement l'éditeur, tous les indices pointent vers la suite E-Business d'un grand nom de la tech. Le groupe Clop a en effet mené une campagne massive en juillet 2025 en exploitant cette brèche, identifiée sous le code CVE-2025-61882, pour frapper des dizaines d'entreprises à travers le monde. De son côté, Logitech a affirmé avoir appliqué le correctif nécessaire dès qu'il a été rendu disponible.

Siège social de Logitech situé à l’EPFL Innovation Park, à Lausanne (Suisse)
Crédits : Wikipédia

Qui est le gang Clop et quelle est sa méthode ?

Clop n'est pas un groupe de débutants. Actif depuis 2019, ce gang est devenu un spécialiste de l'extorsion en exploitant des vulnérabilités critiques dans des logiciels d'entreprise, notamment ceux d'éditeurs comme Oracle ou des solutions dédiées aux transferts de fichiers.

Leur modèle est simple mais terriblement efficace : voler massivement des données puis menacer de les publier si la rançon exigée n'est pas payée. Contrairement à d'autres groupes de ransomware, ils ne chiffrent pas systématiquement les systèmes de leurs victimes, se concentrant sur le chantage à la fuite.

Leurs campagnes précédentes contre Accellion, SolarWinds Serv-U, GoAnywhere MFT et surtout MOVEit en 2023 ont touché des milliers d'organisations. Dans le cas de Logitech, Clop prétend détenir près de 1,8 To de données. Le refus apparent de l'entreprise suisse de coopérer est conforme aux meilleures pratiques de cybersécurité, mais expose les données volées à une publication imminente sur le dark web.