Une étude de mars 2025 alerte : avec 50 satellites autour de la Lune, les manœuvres d'évitement deviendront fréquentes. L'Inde (ISRO) a déjà dû bouger son satellite. La surveillance (projet Oracle) et la coordination (ONU) deviennent urgentes.
Avec 10 à 20 missions prévues (privées et publiques) ces prochaines années, l'orbite lunaire se remplit. Ce trafic croissant pose un défi majeur : le risque de collisions.
Bien que l'espace cislunaire (entre la Terre et la lune) soit 2000 fois plus grand que l'orbite terrestre, cette immensité est trompeuse. Les agences spatiales visent toutes les mêmes orbites stables, il devient donc urgent de se concerter pour éviter le drame.
Le risque de collision est-il réel ?
Oui, et il arrive plus vite que prévu. Une étude de mars 2025 (Journal of Spacecraft and Rockets) a simulé la situation. Le résultat est sans appel : avec seulement 50 satellites en orbite lunaire, chaque satellite devrait manœuvrer en moyenne quatre fois par an pour éviter une collision. C'est énorme en termes de carburant et de perturbation des missions.
Ce chiffre de 50 satellites pourrait être atteint en une décennie. La réalité confirme déjà la tendance : l'ISRO (agence indienne) a dû manœuvrer son Chandrayaan-2 trois fois en quatre ans. Et ce, alors qu'il n'y avait que six engins en orbite à ce moment-là.
Pourquoi est-il si difficile de suivre les objets ?
Gérer ce trafic est compliqué par un manque de visibilité. La plupart des capteurs gouvernementaux basés au sol ne peuvent pas détecter et suivre efficacement des objets aussi lointains. L'éblouissement de la lune elle-même masque les satellites.
Cette incertitude, combinée au coût astronomique des missions lunaires, pousse les opérateurs à la prudence. Ils préfèrent manœuvrer au moindre doute, gaspillant des ressources précieuses.
C'est aussi un enjeu de sécurité nationale. L'US Space Force s'inquiète que des armes spatiales puissent être cachées dans l'espace cislunaire, hors de portée des radars.
Quelles solutions sont envisagées pour éviter le chaos ?
La solution passe par deux axes : mieux voir et mieux coordonner. Pour la surveillance, l'Air Force Research Laboratory développe le programme Oracle (lancement 2027) pour sécuriser les futures missions. Placé sur un point de Lagrange (stable entre Terre et Lune), il pourra voir ce que les capteurs terrestres manquent.
Pour la coordination, la NASA a un programme de suivi qui compare les trajectoires des opérateurs. L'ONU a aussi créé une équipe (février 2025) pour gérer ces questions. Mais le cadre légal reste flou (Traité de l'Espace de 1967), et les nouveaux Artemis Accords (USA) proposant des "zones de sécurité" pour l'extraction de ressources (glace) au pôle Sud sont controversés, car la Chine et la Russie n'en sont pas.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qu'est-ce que l'espace cislunaire ?
C'est la très vaste région de l'espace située entre l'orbite géostationnaire de la Terre et l'orbite de la lune. Bien que 2000 fois plus volumineux que l'orbite terrestre, il contient peu d'orbites stables, qui sont donc très demandées.
Le programme Oracle, c'est quoi ?
C'est un programme de l'Air Force Research Laboratory (USA) visant à améliorer la surveillance de l'espace cislunaire. Le premier satellite (prévu pour 2027) sera placé à un point de Lagrange pour détecter les objets que les capteurs terrestres ne peuvent pas voir.
Les collisions sont-elles déjà arrivées ?
Aucune collision majeure n'est rapportée, mais les manœuvres d'évitement sont déjà une réalité. L'agence spatiale indienne (ISRO) a dû déplacer son orbiteur Chandrayaan-2 trois fois en quatre ans pour éviter des rapprochements dangereux, alors que très peu d'engins étaient présents.