La Lune n'est peut-être pas qu'un simple satellite romantique qui éclaire nos nuits. Pour certains scientifiques, elle ressemble davantage à une mine à ciel ouvert. Une nouvelle étude vient de mettre un chiffre vertigineux sur ce fantasme : plus de mille milliards de dollars. C'est la valeur estimée du platine, du palladium et de l'iridium qui dormiraient à la surface de la Lune, attendant d'être extraits. Une perspective qui ouvre la porte à une nouvelle course à l'espace, bien plus mercantile que la première.

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D'où vient cette estimation d'un trésor sur la Lune ?

Cette estimation spectaculaire est le fruit des travaux de l'astrophysicien Jayanth Chennamangalam et de son équipe. Dans une étude publiée dans la revue Planetary and Space Science, les chercheurs ont analysé plus de 1,3 million de cratères lunaires. Leur conclusion est que près de 6 500 d'entre eux ont été formés par des astéroïdes riches en métaux. Les restes de ces astéroïdes contiendraient donc des quantités commerciales de platine et d'autres minerais précieux. Selon l'étude, il serait même bien plus simple d'exploiter ces cratères sur la Lune que de tenter de miner des astéroïdes lointains, qui manquent de gravité pour de telles opérations.

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Pourquoi vouloir exploiter les ressources de la Lune ?

L'argument principal avancé par Jayanth Chennamangalam est purement économique. Selon lui, l'exploration spatiale, jusqu'ici financée par l'argent public pour "assouvir notre curiosité", est à la merci des politiques gouvernementales. Il avance une vision qui fait grincer des dents : la seule façon de vraiment lancer la conquête du système solaire serait d'y intéresser les investisseurs privés. En d'autres termes, il faut que ce soit rentable. "Si nous pouvons monétiser les ressources spatiales — que ce soit sur la Lune ou sur des astéroïdes — les entreprises privées investiront dans l'exploration du système solaire", a-t-il déclaré. Une vision pragmatique pour certains, cynique pour d'autres, qui y voient la fin du rêve spatial au profit de la cupidité.

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Est-ce seulement légal d'exploiter la Lune ?

C'est là que s'ouvre une véritable boîte de Pandore juridique. Officiellement, personne ne possède la Lune. Le Traité de l'espace de 1967 est très clair : aucun État ne peut revendiquer la souveraineté sur un corps céleste. La Lune est une sorte de "parc public cosmique". Cependant, ce traité a été signé à une époque où l'exploitation minière lunaire relevait de la science-fiction. Aujourd'hui, les États-Unis ont mis en place les Accords Artemis, un cadre non contraignant pour établir des règles du jeu. Le problème ? Des puissances spatiales majeures comme la Chine et la Russie ne les ont pas signés. Ce flou juridique laisse craindre une véritable ruée vers les ressources lunaires, où la loi du premier arrivé pourrait prévaloir.

Les questions que l'on se pose

Quels sont les métaux précieux concernés ?

L'étude se concentre sur le platine, un métal très recherché sur Terre, mais mentionne également d'autres minerais rares et chers comme le palladium et l'iridium, qui font partie du même groupe.

Qui est Jayanth Chennamangalam ?

C'est un chercheur indépendant titulaire d'un doctorat en astrophysique. Ancien post-doctorant à l'Université d'Oxford, il est le principal auteur de l'étude qui a quantifié la présence potentielle de ces métaux sur la Lune.

Quel est le principal obstacle à cette exploitation ?

Au-delà des immenses défis techniques et financiers, le principal obstacle est d'ordre juridique et éthique. Il n'existe aucun consensus international sur le droit d'extraire et de posséder les ressources lunaires. Cette absence de règles claires pourrait transformer cette nouvelle course à l'espace en une source de tensions géopolitiques majeures entre les États-Unis, la Chine et d'autres nations.