Le ton est donné, et il est martial. En réaction au drame qui a secoué le pays récemment et la mort d'une surveillante de collège poignardée par un élève à Nogent , Emmanuel Macron a dégainé une mesure choc : l'interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans. L'annonce, faite ce mardi 10 juin, prend la forme d'un ultimatum adressé à l'Europe, et promet un débat houleux en France.

Macron

Un ultimatum à l'Europe après le drame de Nogent

Le contexte est tragique. L'annonce fait suite au meurtre d'une surveillante par un collégien. Faisant un lien avec la violence en ligne, le Président veut que l'Europe légifère en "quelques mois". Si rien ne bouge, la France appliquera seule cette interdiction. Je nous donne quelques mois pour arriver à la mobilisation européenne. Sinon […] on commence à le faire en France, a-t-il déclaré. L'idée n'est pas nouvelle, mais la fermeté et l'échéance, elles, le sont.

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Une mesure jugée "irréaliste" par les experts

Aussitôt annoncée, aussitôt critiquée. Pour de nombreux spécialistes, comme la chercheuse Sophie Jehel, cette interdiction radicale est tout simplement "irréaliste". Pourquoi ? Parce que les adolescents sont déjà massivement présents sur les plateformes, et ce, bien avant l'âge légal actuel de 13 ans et en dépit des mesures déjà existantes. Le risque, selon eux, est de rendre ces pratiques clandestines, de les invisibiliser et d'empêcher tout travail de prévention auprès des jeunes.

Faisabilité technique et oppositions à venir

Comment vérifier l'âge efficacement ? L'idée d'une reconnaissance faciale est évoquée, mais le principal défi n'est peut-être pas technique. L'exemple de l'Australie, qui a voté une loi similaire, montre que les oppositions sont vives. Entre craintes d'isolement des jeunes et accusations d'atteinte aux libertés, le débat s'annonce électrique. Le gouvernement devra affronter une forte résistance, bien plus que pour d'autres sujets de régulation numérique.
Et quid des résultats attendus ? Même si la mise en application se voulait idyllique, peut-on réellement faire un lien entre ce type d'actes et les réseaux sociaux ? La question reste en suspens.